Une campagne électorale 2.0 au Cameroun
Tous les jours "un monde d'avance" donne un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée "sous les radars" et qui pourrait nous échapper… Aujourd’hui, direction le Cameroun au cœur de l’Afrique, en pleine campagne électorale, et le tout au rythme des réseaux sociaux.
À 85 ans, le président camerounais Paul Biya brigue un 7ème mandat consécutif. Il est depuis 35 ans au pouvoir et il l’exerce d’une façon assez autoritaire. Mais la "force de l’habitude" ne lui fait pas perdre le sens de la modernité. Le 13 juillet, il a annoncé sa candidature sur Twitter.
1 habitant sur 3 est aujourd'hui connecté
Le scrutin est prévu dans 12 jours, le 7 octobre, et la campagne bat son plein, avec les premiers meetings le week-end dernier. Cette anecdote de l’annonce sur Twitter en dit long sur l’évolution technologique en Afrique et en particulier au Cameroun. C’est simple : il y a sept ans, lors de la dernière élection, quasiment personne ne possédait de connexion internet dans ce pays de 24 millions d’habitants, pour partie francophone, pour partie anglophone. Aujourd’hui, un habitant sur trois est connecté. Et plus de quatre millions de Camerounais sont abonnés aux réseaux sociaux.
Après le téléphone portable, c’est donc au tour d’Internet de connaitre un véritable essor. Et les neuf candidats à l'élection présidentielle ont tous pris le train en marche : ils sont tous présents sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, etc.
Un moyen de contourner les médias traditionnels
C’est un usage habituel des réseaux sociaux pour les hommes politiques : ils cherchent ainsi à communiquer directement avec les électeurs. Mais au Cameroun, cela prend un relief particulier, parce que les principaux médias audiovisuels publics sont totalement contrôlés par le parti de Paul Biya.
Les cinq principaux candidats d’opposition ont d’ailleurs dénoncé, la semaine dernière, dans un communiqué commun, le "traitement biaisé et propagandiste" de l’information sur les médias publics. Un exemple : cinq équipes de télévision suivent la campagne de Paul Biya, là où les huit autres candidats ne bénéficient respectivement que d’une seule équipe… Par-dessus le marché, plusieurs opposants voient leurs meetings interdits ou difficilement autorisés. Reste donc la solution des réseaux sociaux.
L'information circule plus facilement
Internet qui est aussi la solution pour aborder la question sécuritaire, un thème majeur de la campagne. Le pays est confronté à une crise sérieuse dans sa partie nord et ouest : depuis 18 mois, ces deux régions à majorité anglophone ont vu se développer un mouvement indépendantiste, l’Ambazonie. Les affrontements avec l’armée ont longtemps été dissimulés. Jusqu’à ce que les réseaux sociaux s’en mêlent.
Et aujourd’hui, les vidéos sont quasi quotidiennes, pour dénoncer les exactions, soit de l’armée, soit des miliciens. Et ces images montrent l’horreur : tortures, décapitations. Internet permet de montrer au grand jour ce conflit passé largement inaperçu jusqu’à présent. Et comme par hasard, certains membres du pouvoir en place au Cameroun, suggèrent déjà de couper Internet pendant le scrutin, dans ces deux régions anglophones.
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