Syrie : trop de crises dans le monde restreint l'aide alimentaire et risque de provoquer une famine

Dans un pays où 90% des personnes vivent sous le seuil de pauvreté, près de 25% des Syriens dépendent entièrement de l’aide alimentaire soutenu par l'ONU. Mais ce soutien humanitaire s'arrête à partir du mois de janvier, à cause de l'absence de financement.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le camp d'Atme pour les déplacés syriens, à la périphérie d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 6 décembre 2023. (AAREF WATAD / AFP)

Le Programme alimentaire mondial (PAM) ne dispose plus aujourd’hui des fonds nécessaires pour assurer ses distributions en Syrie. Cette agence de l’ONU est la plus grande agence humanitaire à lutter contre la faim dans le monde, et elle est désormais obligée de faire des choix.

Les conséquences pourraient très rapidement se révéler dramatiques, car plus de cinq millions de personnes dépendent directement de l'aide alimentaire du PAM. La moitié d'entre elles sont des déplacés du conflit qui a ravagé et plombe toujours le pays, depuis 12 ans. Plus d'un demi-million de personnes ont été tué depuis le début du conflit en 2011, avec la répression brutale des manifestations antigouvernementales.

24 millions de personnes supplémentaires menacées par la famine

La situation sécuritaire et la crise économique ne permettent toujours pas aux Syriens de se reconstruire, et les voilà désormais sous la menace d’une pénurie de nourriture. Ce père d’une famille de quatre enfants, interrogé par l’AFP en décembre dans le camp de Maram, au nord-ouest de la Syrie, craint évidemment le pire : "Si l’aide s’arrête, les gens vont mourir de faim. Si l’aide s’arrête, croyez-moi, les gens n’auront pas d’argent pour manger, c’est grâce à cette aide qu’ils survivent."

L’été dernier déjà, 45% des bénéficiaires de l’aide alimentaire ont été exclus du programme. Et en septembre, le volume des rations a été réduit. L’agence onusienne parle d’un état d’urgence perpétuel, dans un pays où 24 millions de personnes supplémentaires sont aujourd’hui menacées par la famine. C’est la première fois que les agences de l’ONU ne parviennent pas à mobiliser leurs partenaires, leurs donateurs. Le PAM est aujourd'hui confronté à ce choix terrible de devoir supprimer certaines de ses opérations.

Des besoins mondiaux croissants d'aide alimentaire

Si le PAM assure qu’il parviendra malgré tout à soutenir en Syrie les personnes en situation d’extrême urgence, il y a de moins en moins d’argent. L’an dernier, ce programme n’a reçu qu’un tiers des 50 milliards d’euros d’aide nécessaire à son action. C'est le déficit de financement le plus important de son histoire. Les missions humanitaires de l’ONU sont de plus en plus compromises et les perspectives pour 2024 sont assez préoccupantes.

Trop de crises, trop de conflits, trop de nouvelles situations d’urgence humanitaire en 2023… Le Soudan, la Libye, l’Afghanistan, sans oublier évidemment Gaza, ainsi que le nombre croissant de déplacés climatiques à travers le monde. L’ONU a d’ores et déjà pris la décision de cibler, de choisir l’extrême urgence parmi l'urgence, avec l’espoir de convaincre plus de donateurs et de maintenir un filet de sécurité humanitaire de plus en plus fragile.

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