Qui est le tchèque Petr Fiala, qui succède à Emmanuel Macron à la présidence tournante de l'Union Européenne ?
La France a passé la main après six mois de présidence du Conseil de l’Union européenne. C’est désormais la République Tchèque qui coordonne l’action des 27 jusqu'à fin décembre. Le successeur d’Emmanuel Macron est donc le Premier ministre tchèque Petr Fiala, un homme de droite assez classique.
Ce n’est pas le genre excentrique à sauter sur la table, plutôt l’inverse. Petr Fiala, 57 ans, est un homme sérieux, un peu austère, avec un look d’intellectuel, un peu façon troisième République en France, lunettes rondes, barbe toujours soigneusement taillée. En ce vendredi 1er juillet, il fait évidemment les gros titres de la presse tchèque : par exemple le quotidien Pravo le montre en une, aux côtés d’Emmanuel Macron.
Ce n’est pas un hasard si Fiala a un look d’intellectuel, c’en est un. Après des études d’histoire, de littérature et de science politique, il est devenu recteur d’université, et il n’est entré en politique qu’en 2011, à l’âge de 46 ans. Il a alors fait carrière au sein d’un parti de droite conservatrice, l’ODS, le parti démocratique civique. Son fait d’armes est d’avoir bâti une coalition plutôt de centre droit qui a renversé, à l’automne dernier, le milliardaire populiste Andrej Babis. Père de 3 enfants, Petr Fiala est un catholique pratiquant, plutôt une rareté dans un pays de 10 millions d’habitants – la République Tchèque – où la pratique religieuse a beaucoup reculé. Fiala a donc la réputation d’être un peu terne, de manquer de charisme, mais aussi de savoir bâtir des compromis, d’aimer négocier. Ça peut servir sur la scène européenne.
Un homme austère face à la crise énergétique
Il a du pain sur la planche, avec l’Ukraine en tête de liste qui s’annonce évidemment comme le gros morceau de ses six mois de présidence, jusqu’à la fin de l’année. La République Tchèque a pour elle d’être toute proche de l’Ukraine – 400 kilomètres seulement les séparent – et d’être au cœur de l’Est de l’Europe, entre Pologne, Slovaquie, Hongrie, Autriche et Allemagne. Prague va devoir régler en priorité les questions d’indépendance énergétique : comment s’assurer que les 27 vont pouvoir se passer du gaz russe d’ici à l’hiver prochain. Et la République Tchèque est bien placée pour mesurer le problème : elle importe plus de 80% de son gaz à la Russie.
Petr Fiala s’est mis au travail dès le 1er juillet au matin : il accueille tous les commissaires européens dans un château du centre du pays, à Litomysi. Et il promet un sommet en octobre, pour faire le point sur l’accueil des réfugiés ukrainiens – près de 8 millions on le rappelle, dont 400.000 en République Tchèque. Et aussi pour faire avancer la candidature de l’Ukraine à l’Europe, sans oublier également les candidatures des pays des Balkans, la Macédoine du Nord et l’Albanie. Enfin, les derniers sujets au menu de ce semestre de présidence tchèque : la cybersécurité et l’encadrement de l’intelligence artificielle.
Un pays eurosceptique
Le menu est donc copieux, et Prague n’a pas que des atouts. Il y a plusieurs écueils. La République Tchèque est un pays assez eurosceptique : un gros tiers de la population seulement fait confiance aux institutions européennes. Le pays ne fait pas partie de la zone Euro, ça limite donc son pouvoir d’action économique. Et Fiala a tendance à ménager ses voisins hongrois et polonais sur les questions pourtant cruciales de l’état de Droit, ce qui peut créer des tensions avec les membres fondateurs de l'Ouest de l'Europe. Mais de toute façon, le déroulement de cette présidence tchèque sera d’abord tributaire d’un paramètre extérieur sur laquelle elle aura peu de prises, qui est bien sûr l’évolution de la guerre en Ukraine.
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