Projet "Global Gateway" : l’Europe veut contrer l’expansionnisme chinois
Mobiliser 300 milliards d’euros d’ici à 2027 pour financer des infrastructures dans le monde entier, c’est le projet présenté mercredi par l’Union européenne sous le nom de "Global Gateway". Objectif : proposer une alternative au programme chinois des "Nouvelles routes de la soie".
Ce n’est pas dit explicitement mais chacun le comprend ainsi : le projet exposé par Ursula von der Leyen concurrence frontalement le colossal plan chinois d’investissement lancé en 2013 et baptisé "les Nouvelles routes de la soie". Sauf que le programme européen prend l’exact contrepied de la politique mise en œuvre par la Chine. D’emblée, la présidente de la Commission européenne exige, mercredi 1er décembre, un haut niveau de transparence, de bonne gouvernance et de qualité auxquels devront répondre les projets du "Global Gateway", qui se veut un modèle de respect des droits humains.
Ces propos pointent évidemment les pratiques du plan chinois d’investissement mondial, souvent dénoncé pour son opacité et ses conséquences. La Chine a déjà consacré à ce plan 124 milliards d’euros depuis huit ans. En réalité il s’agit d’une politique d’influence sur des pays pauvres -souvent corrompus- qui se surendettent pour construire des routes, des aéroports ou des lignes de chemin de fer. Des marchés fréquemment passés sans appels d’offres, des conditions de travail parfois exécrables et personne ne s’embarrasse de considérations sociales ou environnementales.
Le programme avance comme un rouleau compresseur avec des résultats spectaculaires, comme cette voie ferrée inaugurée ces jours-ci entre la Chine et le Laos, qui a coûté 5,3 milliards d’euros. À la clé, une influence politique grandissante de Pékin sur des pays débiteurs qui généralement peinent à rembourser.
Le fer de lance de l'Union européenne
Le plan européen d’investissement est présenté au moment où vient de se tenir à Dakar un sommet Afrique-Chine. Pékin a promis un milliard de doses de vaccins et des investissements massifs. Les Chinois ont juré de ne pas s’immiscer dans la politique africaine en exigeant la réciproque.
Le projet européen se veut clairement une alternative, avec des normes de gouvernance beaucoup plus élevées et en prenant soin de ne pas faire sombrer les pays bénéficiaires dans une forme de dépendance politique. Le "Global Gateway" européen se destine à tous les continents. Il favorisera les énergies vertes et le numérique.
Lors de son discours sur l’état de l’Union le 15 septembre, Ursula von der Leyen avait évoqué la philosophie de ce projet : "Nous sommes très bons pour financer des routes, avait-elle dit, mais cela n’a pas de sens que l’Europe construise une route parfaite entre une mine de cuivre appartenant à la Chine et un port appartenant à la Chine. Nous devons nous montrer plus intelligents pour ces types d’investissements."
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