Les réseaux sociaux et les clips musicaux omniprésents dans la campagne présidentielle au Sénégal
Les électeurs sénégalais s'apprêtent à voter dimanche 24 février. Et pour conquérir l'électorat clé des jeunes, les candidats investissent internet et la musique.
Au Sénégal, l’âge moyen est de 18 ans ! Et plus des deux tiers des Sénégalais ont moins de 30 ans. C’est la raison pour laquelle la campagne se déroule en grande partie sur les réseaux sociaux et aussi via les clips musicaux. Sur les supports numériques, Whats’App, Facebook, Twitter, les équipes des candidats multiplient les images et les petits textes courts d’une façon très organisée. C’est la première fois que le Sénégal vit une campagne 2.0.
Dix des seize millions de Sénégalais utilisent quotidiennement Internet. Et ils profitent aussi de ce boom des réseaux sociaux pour faire émerger de nouveaux sujets dans le débat politique : l’environnement, l’éducation ou la santé. C’est aussi sur Twitter qu’a été lancée pour la première fois l’idée d’un débat télévisé entre les candidats, même si ce projet a finalement échoué ces dernières heures.
Des musiciens engagés
Les clips musicaux sont également très présents avec un engagement politique marqué de certains musiciens. Par exemple, le groupe de rap Keur Gui avec son clip, Les Saï Saï au cœur (ça veut dire Les vagabonds au cœur) a déjà été regardé 1,7 millions de fois sur YouTube, soit l’équivalent de 10% de la population sénégalaise. Les paroles sont très critiques avec le pouvoir sortant du président Macky Sall : "Rien à se mettre sous la dent, les mêmes truands, les mêmes fainéants, les mêmes incompétents".
Il y a sept ans, lors du scrutin précédent, les groupes de rap avaient déjà joué un rôle important dans la campagne. C’est encore plus net cette fois-ci avec notamment ce groupe, Keur Gui, très investi sur le terrain politique. En face, le pouvoir n’est pas en reste. Il s’est assuré le soutien d’autres musiciens, comme le chanteur Mame Goor Diazaka. Là encore, il s’agit notamment de séduire les jeunes.
Le président sortant face à un nouveau venu quadragénaire
Toute la question est de savoir à qui va profiter cette campagne new-look. Il y a cinq candidats en lice. C’est très peu dans un pays où la ferveur politique est forte, le Sénégal est l’un des rares pays africains à avoir déjà connu deux alternances démocratiques pacifiques : un modèle sur le continent. Mais cette fois-ci, deux candidats majeurs, Karim Wade et Khalifa Sall ont été empêchés de se présenter pour des raisons judiciaires controversées.
Il ne restent donc plus que cinq candidats. Deux semblent à même de séduire l’électorat des jeunes. D’abord le nouveau venu, Ousmane Sonko, 44 ans ancien inspecteur des impôts devenu célèbre pour avoir dénoncé la corruption. Il est omniprésent sur les réseaux sociaux. Ensuite, il y a le président sortant Macky Sall, 57 ans. Il reste le favori du scrutin, d’autant qu’il a constitué une équipe expérimentée sur les supports numériques. En tous cas, cette mobilisation des Sénégalais sur les réseaux sociaux présente au moins une garantie : le scrutin sera très surveillé dimanche prochain, et la moindre entourloupe sera dénoncée en temps réel sur Internet.
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