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Les Occidentaux commencent à envisager de fournir des armes offensives à l'Ukraine

La probabilité d’une offensive majeure des Russes dans la partie Est de l’Ukraine augmente de jour en jour. Et dans ce contexte, un débat prend de l’ampleur en Occident, débat encore tabou il y a peu : l’hypothèse de livrer des armes lourdes à l’Ukraine.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des soldats ukrainiens sont assis sur un véhicule militaire blindé dans la ville de Severodonetsk, dans la région du Donbass, le 7 avril 2022. (FADEL SENNA / AFP)

La République Tchèque a été la première, il y a quelques jours, à sauter le pas : elle a annoncé la livraison aux Ukrainiens de chars d’assaut, des modèles T72M de conception soviétique. Et la Pologne entend faire de même, avec le même matériel. C’est une première : jusqu’à présent, Européens et Occidentaux n’ont jamais fourni à l’Ukraine que des armes à vocation défensive face à l’agression russe. En considérant qu’aller au-delà faisait prendre le risque d’apparaître comme des cobelligérants, donc susceptibles d’être attaqués à leur tour par la Russie.  

Le 9 avril, le Royaume-Uni a embrayé. Boris Johnson, en visite à Kiev, a annoncé l’envoi de 120 véhicules blindés et de missiles antinavires Harpoon d’une portée de 200 km. Là encore des armes offensives. Le gouvernement allemand s’interroge sur une éventuelle livraison de chars : il est d’ailleurs divisé sur le sujet. Et les États-Unis de Joe Biden se proposent de fournir des drones kamikazes. Au fil des jours, les positions évoluent progressivement. Nous n’en sommes pas encore à la livraison d’avions de combat, comme l’avait d’ailleurs un temps proposé la Pologne. Mais le sujet des armes offensives et des armes lourdes n’est plus une ligne rouge. Et Kiev en réclame, y compris du matériel occidental de dernière génération, pas seulement d’anciennes armes soviétiques dont l’Ouest veut se débarrasser.  

La nécessité d'armes lourdes face à l'offensive en préparation

Deux raisons expliquent cette évolution. La première est militaire : la guerre s’apprête à changer de nature. La probable offensive russe sur l’Est de l’Ukraine s’annonce massive, avec des bombardements aériens et des tirs d’artillerie en grand nombre. Sur un terrain assez plat pouvant permettre une progression rapide. Face à cette menace, les armes légères, beaucoup utilisées dans le combat de guérilla autour de Kiev, ne suffiront pas. L’Ukraine réclame donc des chars, des batteries anti-aériennes, de l’artillerie lourde pour tenir ses positions. C’est logique du point de vue militaire. La deuxième explication est politique. Les Occidentaux commencent à penser qu’il faut envoyer un message de plus grande fermeté à un Vladimir Poutine qui reste persuadé de la mollesse européenne. Et puis le risque, évidemment, c’est que Moscou, en cas de victoire dans l’Est de l’Ukraine, veuille aller toujours plus loin. Si on suit ce raisonnement, il faut infliger une défaite à Vladimir Poutine, dès maintenant. Donc livraison d’armes lourdes.  

Beaucoup de missiles antichars

En même temps, les livraisons d'armes défensives plus légères se poursuivent en très grand nombre. D’abord les missiles sol-air et les missiles antichars : les Javelin, les Stinger, les NLAW, livrés par milliers par les États-Unis, l’Allemagne, ou le Royaume-Uni. Des missiles Milan fournis par la France. Des systèmes de défense S300 fournis par la Slovaquie. Des drones turcs Bayraktar ou américains Switchblade. Pour stopper la progression des chars et les attaques d’avions ou d’hélicoptères à basse altitude. Et puis aussi des mitrailleuses, des pistolets, des gilets pare-balles, des appareils de vision nocturne. Sur tous ces matériels, "les livraisons vont s’intensifier", affirmait le 11 avril la chef de la diplomatie allemande Annalena Baerbock. Le propos est explicite.  

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