Le Texas s'apprête à exécuter son plus vieux condamné à mort
Alors que la peine de mort tend à reculer aux États-Unis, cet État du sud du pays doit exécuter jeudi un homme de 78 ans. Sauf si les derniers recours aboutissent.
Il s’appelle Carl Buntion. Il a 78 ans. C’est le plus vieux condamné à mort du Texas. Il y a 32 ans, en juin 1990, il a tué par balles un policier lors d’un contrôle routier. Son parcours judiciaire a été chaotique : une première condamnation à mort, puis une annulation de verdict, puis une deuxième condamnation à la peine capitale, il y a dix ans. Depuis, Buntion attend dans le couloir de la mort, isolé dans sa cellule 23 heures par jour. Il ne conteste pas sa culpabilité. Le sujet n’est pas là.
Les deux objections que soulèvent ses avocats sont tout autres. D’une part, ils estiment que Buntion ne représente plus une menace pour la société. Parce qu’il est malade, atteint de vertiges, d’arthrose, d’hépatite. Or la loi au Texas précise que la peine de mort ne peut pas être appliquée si le condamné n’est pas un danger pour les autres. D’autre part, les avocats soulèvent une question de procédure sur la présence d’un aumônier au moment de l’exécution. Le Conseil des grâces et des libérations conditionnelles du Texas doit se prononcer le mardi 19 avril. Il peut commuer la peine en prison à perpétuité, ou bien décréter un sursis de trois mois, ou bien encore maintenir l’exécution. Dans ce dernier cas, elle aura donc lieu jeudi 21 avril.
192 personnes dans le couloir de la mort
Le cas de Carl Buntion est emblématique, parce qu’il est très âgé. Mais au Texas, au total, 192 personnes attendent dans le couloir de la mort, à commencer par un autre cas. Cette fois, c’est une femme. Elle s’appelle Melissa Lucio et son exécution est prévue le 27 avril. Son cas suscite une forte médiatisation. Melissa Lucio a 53 ans, elle a été reconnue coupable de la mort de sa fille âgée de deux ans, en 2007 lors d’une chute dans un escalier. Mais les circonstances de ses aveux sont très controversées, après un très long interrogatoire à charge de la part des policiers. Et aujourd’hui, Lucio clame son innocence.
Pour ses défenseurs, c’est une erreur judiciaire manifeste : la fillette est morte par accident. Elle souffrait de plusieurs handicaps qui peuvent expliquer sa chute. Et il n’y a aucun antécédent de violence de la maman sur sa fille. Lors d’un nouveau recours examiné le 12 avril, le procureur du Texas a semblé changer d’avis en pleine audience. Il a commencé par demander la confirmation de la peine avant de dire, devant les arguments de la défense, qu’il était finalement prêt à surseoir à l’exécution. La Cour doit statuer. Si la peine capitale est maintenue, Melissa Lucio sera la première femme exécutée au Texas depuis huit ans.
La peine de mort en recul aux États-Unis
Le Texas est l'État le plus radical en la matière, alors que la peine de mort recule aux États-Unis à la fois dans la théorie et dans la pratique. Dans la théorie, 26 États sur 50 ne peuvent plus l’appliquer. Soit parce qu’il y a un moratoire officiel, soit parce qu’ils ont aboli la peine capitale. Le dernier en date à l’avoir fait, c’est la Virginie, en mars 2021. Un symbole important parce que c’est le premier des anciens États du Sud confédérés à avoir pris cette décision.
Ensuite, il y a la pratique. Et là le recul est encore plus flagrant. Onze exécutions l’an dernier, le niveau le plus bas depuis 35 ans aux États-Unis. En 1999, le pays avait connu 98 exécutions. En fait, la pratique réelle de la peine capitale n’est plus le fait que d’une poignée d'États du Sud : l’Oklahoma, l’Alabama, et donc surtout le Texas, près de 600 exécutions en 30 ans.
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