Le Luxembourg va devenir le premier pays au monde à instaurer des transports publics gratuits
A partir de mars 2020, les déplacements en transports en commun vont devenir gratuits au Luxembourg. Le gouvernement vient de voter cette mesure pour encourager leur développement.
Bus, train, tram ou funiculaire... Tous les transports en commun luxembourgeois financés par l'État sont concernés. Que vous soyez habitants du Grand-Duché ou étranger, vous pourrez monter les mains dans les poches, sans ticket, comme le faisaient déjà les moins de 20 ans et les étudiants depuis août 2018. Cette généralisation entrera en vigueur le 1er mars 2020 - elle a été confirmée lundi 21 janvier par le ministre de la Mobilité et des Transports publics. Cependant, dans les trains le système de classes sera maintenu et la première restera payante. Mais elle ne représente que 2,7% de la fréquentation globale des transports en commun.
Environ 40 millions d'euros de coût par an
Cette réforme coûtera environ 40 millions d'euros par an. La somme est jugée acceptable par le gouvernement et elle sera financée par les impôts et notamment par une "réforme des frais de déplacement au forfait" accordés jusqu'ici aux automobilistes. Ces frais seront revus à la baisse, justement pour encourager le recours aux transports en commun.
Le Luxembourg décide de franchir le pas peut-être à cause des nombreux embouteillages. Selon les statistiques d'un cabinet américain, en 2018, les automobilistes du Grand-Duché ont perdu en moyenne 33 heures dans les bouchons. A peu près comme à Lyon... pour deux fois moins d'habitants. Or au Luxembourg cette question de la mobilité est extrêmement importante. Le pays n'est pas plus grand qu'un département français mais il est dans une forme éclatante avec une croissance à plus de 3%, une situation de quasi plein emploi et un salaire minimum à 2 000 euros par mois brut. Le gouvernement veut concilier tout cela avec un trafic automobile maîtrisé et une pollution raisonnable.
Une mesure sociale, selon le gouvernement
Cette gratuité des transports en commun était inscrite dans le programme de la coalition gouvernementale menée par Xavier Bettel, reconduit en octobre dernier, qui la présente aussi comme une mesure sociale. "Quand le pays va mieux, les gens doivent en profiter" dit le Premier ministre. La stratégie est toutefois beaucoup plus globale : le Luxembourg va investir 2,2 milliards d'euros dans le rail d'ici 2023, pour allonger le tram et doubler les voies de chemin de fer. Les bus devraient passer au tout électrique dès 2030.
Un cadeau aussi pour les frontaliers
Le pays compte 600 000 habitants et 200 000 frontaliers, dont la moitié sont Français. Ils prennent tous la route pour venir travailler, et eux aussi vont bénéficier de la gratuité des transports. Ils ne paieront plus que la portion allant de leur point de départ à la frontière luxembourgeoise. Aujourd'hui au Luxembourg, 17% des déplacements seulement se font par les transports publics. La marge de progression est importante. En France, une trentaine de villes ont déjà fait le choix de la gratuité, dont Dunkerque et ses 88 000 habitants.
Cependant, la mesure inquiète aussi le principal syndicat des transports du pays, le FNCTTFEL-Landesverband. Principale inquiétude : l'avenir des guichetiers, des accompagnateurs de train et autres contrôleurs. Ils sont 350 au total mais le gouvernement se veut rassurant : leurs missions vont s'adapter et leurs emplois seront sauvegardés.
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