La ville mexicaine de Veracruz fête ses 500 ans sur fond de controverse avec l'Espagne
La célébration du 500e anniversaire du débarquement du conquistador Hernán Cortés démarre dans un climat tendu entre le Mexique et l'Espagne.
Normalement, un anniversaire c’est sympa. Mais là, c’est tendu. La ville de Veracruz, 800 000 habitants, sur la côte Atlantique, côté Golfe du Mexique, entre officiellement en festivités vendredi 19 avril au soir et ça va durer trois jours, pour célébrer le 500e anniversaire de la création de la ville, après le débarquement du conquistador espagnol Hernán Cortes. C’était le 22 avril 1519. Seulement voilà, cette commémoration est loin de faire l’unanimité.
Fin mars dernier, le nouveau président mexicain de centre-gauche, Andrés Manuel López Obrador - tout le monde l’appelle "Amlo" - a envoyé une lettre plutôt salée au roi d’Espagne. En résumé : nous voulons des excuses pour les offenses commises contre les peuples indigènes lors de la conquête espagnole. La réponse de Madrid ne s’est pas fait attendre : pas question. Et le président mexicain, dans le même élan, en a appelé à l’arbitrage du pape, qui s’est bien gardé de répondre. Ces festivités possèdent donc un drôle de parfum : de nombreux Mexicains y sont opposés.
Une identité entre Aztèques et Conquistadors
C’est vraiment un sujet de controverse au Mexique parce que c’est une question d’identité. C’est un peu, dans un autre genre, comme le sujet des relations entre l’Algérie et la France. Pour de nombreux Mexicains, Cortes est l’incarnation de la "colonisation" du pays. Au départ, ce 22 avril 1519, il débarque avec un petit millier d’hommes. Et deux ans plus tard, en 1521, il finit par mettre un terme au règne des Aztèques. Avec quelques massacres à la clé. Cortés impose un nouveau système politique, mais aussi une langue, une religion. Dans l’imaginaire collectif mexicain né de l’indépendance, la colonisation est donc souvent perçue comme une destruction.
En fait, la réalité est plus compliquée. Et la lettre envoyée au mois de mars par Amlo a eu le mérite de rouvrir le débat. De nombreux historiens mexicains font valoir que Cortés n’a pas conquis le pouvoir tout seul. Il a reçu l’appui de plusieurs peuples indigènes, qui étaient opprimés par les Aztèques. Comme souvent dans ces débats sur les identités nationales, il y a donc aussi des arrière-pensées politiques : se poser en défenseur des racines, en incarnation d’une tradition. Et il y a fort à parier que la controverse va continuer jusqu’en 2021 parce que ce sera à la fois les 500 ans de la chute des Aztèques et les 200 ans de l’indépendance du Mexique.
Feu d'artifice et match de football
Malgré tout, il y a quand même des festivités à Veracruz, pour ces 500 ans. Le programme est riche : expositions, concerts gratuits, spectacles de rue, feu d’artifice géant dimanche soir. Et match de football commémoratif ce soir entre le club de la ville, les Requins rouges de Veracruz, et le club de Monterrey. Le petit souci, pour l’anecdote, c’est que les Requins rouges sont nuls en foot : ils sont derniers du championnat mexicain avec... zéro point !
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