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La Syrie va-t-elle faire son retour dans la Ligue arabe ?

L'Arabie Saoudite s’apprête à prendre une décision symbolique mais qui pourrait bien marquer un tournant. Riyad doit organiser, au mois de mai, le prochain sommet de la Ligue arabe. Un rendez-vous qui pourrait voir le retour de la Syrie et de son dirigeant Bachar Al-Assad actuellement mis au ban de la communauté internationale.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Sébastien Soldaïni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président syrien Bachar al-Assad assiste à une réunion avec son homologue russe au Kremlin à Moscou le 15 mars 2023. (VLADIMIR GERDO / SPUTNIK)

Douze ans de guerre. Des centaines de milliers de morts. Un pays divisé dont Bachar Al-Assad et son armée ne parviennent pas à reprendre totalement le contrôle. Difficile de parler d'un retour en grâce pour le dirigeant syrien, mais cela marquerait tout de même la fin d'un isolement régional. Riyad laisse transpirer cette idée à quelques jours d'une visite officielle : l'arrivée à Damas du ministre saoudien des Affaires étrangères. Il irait, en personne, apporter l'invitation pour le sommet de la Ligue arabe. C’est l'aboutissement d'un an de discussions. Il est même question de réouverture des services consulaires entre les deux pays.

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Le mouvement s'opère depuis quelques mois et l'Arabie Saoudite n'est pas la seule à aller dans ce sens. Les premiers à avoir sauté le pas, ce sont les Émirats arabes unis. Abu Dhabi a choisi de rouvrir son ambassade à Damas en 2018, depuis, ils ne cessent de militer pour un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Ils ont même permis à Bachar al-Assad de faire sa première sortie à l'étranger. Les prises de contacts s'accélèrent. Déplacement à Oman. Retour à Abou Dhabi. L'Égypte, poids lourd de la Ligue arabe, normalise peu-à-peu ses relations : il y a deux jours seulement, le ministre des Affaires étrangères syrien était en visite officielle au Caire. Là encore c'était une première, mais au centre des échanges, il y avait bien les conditions pour un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Pourtant, au mois de novembre, il était encore trop tôt pour les 21 pays membres d'assumer ce rapprochement. Lors du dernier sommet à Alger, c'était "non" pour une participation de la Syrie. 

Le séisme a précipité les choses

Il y a deux raisons à ce changement d’attitude. La première c'est le changement de donne dans la région. Il y a quelques jours, un accord a surpris tout le monde. Celui qui acte un rapprochement entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, deux puissances régionales qui, indirectement, s'opposaient en Syrie. Puisque, désormais, Téhéran et Riyad se parlent, le dernier verrou du rapprochement Syrie / Arabie Saoudite a sauté. 

Et puis, la nature a fait son effet. Un tremblement de terre le 6 février dernier a endeuillé la Turquie mais aussi le nord-ouest de la Syrie. Les pays occidentaux ont majoritairement dirigé leur aide vers Ankara quand la Jordanie, l'Égypte, les Émirats ont immédiatement proposé leur aide. Riyad a un peu traîné, 48 heures, avant de participer au pont aérien humanitaire. Des canaux jusque-là en sommeil ont donc été réactivés. Un séisme, ce n'est pas qu'une question de tectonique des plaques. C'est aussi le moment pour les pays voisins de faire bouger les lignes de force géopolitiques.

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