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La plus grande démocratie du monde, l'Inde, se rend aux urnes

L'Inde va voter à partir de jeudi pour les élections générales. Et il y en a pour un mois et demi !  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
 Rahul et Priyanka Gandhi en campagne électorale dans l'Uttar Pradesh (Inde), le 10 avril 2019. (SANJAY KANOJIA / AFP)

C’est un moment extraordinairement fascinant que de voir l’Inde voter. 900 millions d’électeurs sont appelés aux urnes à partir du jeudi 11 avril pour les élections générales. C’est la démocratie à très grande échelle : l’Inde, qui d’ici cinq ans sera le pays le plus peuplé au monde (devant la Chine), est de loin la plus grande démocratie de la planète. Et l’organisation du scrutin relève donc du défi. C’est pour cette raison que le vote dure six semaines, région après région. Les résultats sont attendus le 23 mai. Avec un duel passionnant. Le favori du scrutin, c’est le BJP, le parti au pouvoir depuis cinq ans, dirigé par Narendra Modi. "NaMo", comme le surnomment ses partisans, est un politique très adroit, omniprésent sur les réseaux sociaux, avec un discours populiste sur le mode "Je suis un homme modeste, j’ai les mêmes préoccupations que vous". Depuis cinq ans, il a exacerbé le nationalisme religieux en défendant la suprématie de l’hindouisme. Les villes sont rebaptisées, le culte de la "vache sacrée" est devenu la règle, et la minorité musulmane est stigmatisée.

Le retour de la dynastie Gandhi

Cette stratégie lui a assuré des succès électoraux à répétition, mais ces derniers mois un rival a émergé, et pas n’importe lequel. C’est le grand retour de la famille Gandhi-Nehru qui domine la vie politique depuis l’indépendance il y a 70 ans, avec l’entrée en politique de Rahul et Priyanka Gandhi. Ils sont frère et sœur, ce sont les petits-enfants d’Indira Gandhi qui fut longtemps à la tête du pays avant d’être assassinée en 1984. Leurs parents Rajiv et Sonia ont également dirigé l’Inde pendant plusieurs années. Cette dynastie fascine tout le pays. Pendant longtemps, Rahul et Priyanka se sont refusés à entrer en politique. Ils ont changé d’avis l’an dernier, et ils ont pris la tête du Parti du Congrès, le rival d’opposition du BJP. Le résultat ne s’est pas fait attendre : ces derniers mois, le Parti du Congrès s’est imposé dans plusieurs élections régionales, notamment au Karnataka dans le sud et au Rajasthan dans le nord. Rahul Gandhi se veut de centre gauche, et il se pose en homme de paix, en réconciliateur, en défenseur aussi des droits des femmes. Une anecdote révélatrice : l’an dernier au Parlement, après avoir été vivement interpellé par Narendra Modi, il a répondu : "Je n’ai pas une once de haine pour vous", et il a traversé l’hémicycle pour venir prendre Modi dans ses bras. 

Un million de jeunes sur le marché du travail chaque mois

En fait l’élection va se jouer aussi beaucoup sur l’économie. 600 millions d’Indiens (un Indien sur deux) vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Et Narendra Modi, malgré ses promesses, n’a pas réussi à créer les emplois suffisants pour faire face à l’explosion démographique : chaque mois un million de jeunes arrivent sur le marché du travail !  L’Inde est en pleine croissance, c’est déjà la sixième économie mondiale. Mais les réformes tardent à venir sur le marché du travail. Et les diatribes nationalistes ne créent pas d’emplois à elles toutes seules...

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