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La cheffe de la police londonienne sur la sellette après des incidents lors d'un rassemblement contre les féminicides

Cressida Dick est vivement critiquée après une intervention musclée des forces de l’ordre lors d’un réunion publique en hommage à une femme assassinée.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Manifestation en hommage à Sarah Everard et hostile à la police, le 14 mars à Londres (Royaume-Uni) (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

La controverse vient s’ajouter à la pile des soucis de Boris Johnson. Le Premier ministre a dû convoquer une réunion en urgence lundi 15 mars avec les responsables de la police et la ministre de l'Intérieur. Les critiques se sont multipliées dans toute la classe politique après les incidents du samedi 13 au soir, dans le parc de Clapham Common, dans les quartiers sud de Londres. Le maire de la capitale, Sadiq Kahn, le chef de l’opposition Keir Starmer, et même l’actuelle ministre de l'Intérieur Priti Patel ont dénoncé la méthode utilisée par Scotland Yard pour disperser ce rassemblement interdit pour cause de Covid. Plusieurs femmes ont été menottées, plaquées au sol. Les images font la une de toute la presse britannique.

Et les critiques se concentrent sur la cheffe de la police. Cressida Dick a 60 ans, elle est très expérimentée, elle dirige la police de Londres depuis trois ans. Elle se défend de toute erreur, rejette les appels qui demandent sa démission. Mais une enquête a été lancée par la police des polices et Cressida Dick se trouve quand même sur un siège éjectable.

Un policier soupçonné d'assassinat

Et c'est d’autant plus le cas que la police est également montrée du doigt dans l’affaire qui a déclenché ce rassemblement : l’assassinat d’une jeune femme il y a deux semaines. Sarah Everard, c’est son nom, avait 33 ans. Elle rentrait chez elle le 3 mars dernier, en traversant ce parc de Clapham. C’est le dernier endroit où elle a été aperçue vivante. Son corps a été retrouvé un peu plus tard dans un bois de la région du Kent, au sud de Londres.

Et  les soupçons se portent sur un policier, qui a été inculpé pour cet assassinat : un homme de 48 ans, membre de l’unité qui protège les délégations diplomatiques. Plusieurs témoignages laissent penser qu’il avait déjà été pris en flagrant délit d’exhibitionnisme mais que la police n’avait pas pris l’affaire au sérieux. Tout ça a donc naturellement créé une vive émotion. D’où ce rassemblement pacifique du samedi 13 au soir autour du kiosque à musique de Clapham Common, pour dénoncer les violentes faites aux femmes, l’insécurité, et les violences policières. Même la princesse Kate, la femme du prince William, petit-fils de la Reine, a fait le déplacement pour rendre hommage à la victime.

Mais le rassemblement était interdit pour cause d’épidémie (rappelons que le Royaume-Uni est le pays le plus touché d’Europe avec 125 000 morts). Et lorsque les personnes réunies ont refusé de se disperser plus tard dans la soirée, la tension est montée. Des slogans ont fusé contre la police : "Honte à vous !", "Qui protégez-vous ?", "C’est vous qui devez être arrêtés, pas nous". etc. Les policiers ont donc fini par intervenir, de façon musclée.

Deux femmes aux commandes de la police

Et cela relance le débat outre-Manche sur les féminicides et les violences faites aux femmes. L’ironie de l’histoire, comme l’écrit le quotidien britannique The Guardian, c’est que ces incidents se produisent alors que la police londonienne et le ministère de l’Intérieur sont tous deux dirigés par des femmes, une première. Le journal poursuit en en tirant une conclusion : "La police n’a pas besoin de plus de pouvoirs mais de plus de garde-fous, le fait que deux femmes soient à sa tête n’y change rien". Toute cette affaire pourrait en tout cas accélérer l’adoption d’un projet de loi sur les violences domestiques.  

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