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Guerre en Israël : les alertes négligées par le gouvernement commencent à être mises au jour

Après le deuil et la riposte immédiate qui a suivi l'agression du Hamas, la responsabilité des dirigeants israéliens commence à être mise en cause ce lundi au parlement israélien, notamment sur leur absence d’anticipation.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des jeunes participent à un camp d'été de style militaire organisé par le Hamas, à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 août 2023. (SAID KHATIB / AFP)

Lors de la séance d’ouverture de la session d’hiver de la Knesset, le parlement israélien, le chef du gouvernement a reconnu ce matin que de nombreuses questions se posaient. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est engagé lundi 16 octobre à mener des "enquêtes approfondies" après les attaques meurtrières du Hamas au sud d’Israël le 7 octobre dernier.

Les préparatifs du Hamas "sous le nez" des renseignements

Dès le lendemain des attaques, il a très rapidement été question de surestimation technologique d’Israël pour contenir les menaces pouvant venir de Gaza. Le fait notamment d’avoir préféré, depuis quelques années, l’utilisation de matériel militaire de pointe automatisé, comme les systèmes de surveillance, d’alerte, de riposte, au détriment des habituelles patrouilles de régiments quadrillant les zones sensibles. Mais, depuis lundi dernier, d’autres éléments viennent mettre en cause les responsables israéliens. Des fuites de hauts responsables israéliens et des analyses de la propagande du Hamas aboutissent au même constat : les préparatifs de cette opération de grande ampleur se sont déroulés sous le nez des renseignements israéliens. Et aucune mesure n’a été prise.

Il y a d’abord les images des camps d’entrainement du Hamas : après les avoir datées et authentifiées, une équipe de CNN affirme qu’au moins six bases de préparation commando ont été identifiées à l’intérieur de Gaza, dont une à seulement 700 mètres de la frontière avec Israël, construite 18 mois seulement avant l’attaque. Des images de propagande et d’archives de la branche militaire du mouvement palestinien, qui malgré tout ne prouvent pas un surcroît d’activité dans les jours qui ont précédé l’opération.

Une réponse inadaptée à des alertes la veille de l'attaque

En revanche, une autre enquête d'un spécialiste de la politique israélienne, Barak Ravid, journaliste dont le travail est très réputé en Israël, s’appuie sur les récits de trois responsables. Ceux-ci confirment que, la veille de l’offensive, les renseignements israéliens ont constaté une augmentation de l’activité du Hamas à Gaza et suggéré même une attaque en préparation. Plusieurs consultations, qui ont eu lieu en présence du chef d’état-major et du directeur du Shin Bet, ont conduit à envoyer deux équipes réduites de forces spéciales au sud du pays. Une réponse a posteriori totalement inadaptée, d’après les sources de Barak Ravid, qui évoquent clairement une erreur d’appréciation.

Les dirigeants israéliens démentent mais le gouvernement égyptien affirme les avoir également alerté trois jours avant. Une alerte à laquelle Benyamin Nétanyahou n’aurait pas prêté attention, estimant que l’armée avait déjà fort à faire en Cisjordanie. Il est encore trop tôt pour faire le ménage sur le plan intérieur, mais certains acteurs de la vie politique israélienne, comme l’actuel ministre de l’Éducation, commencent à assumer : "Des conclusions seront tirés et nous serons tenus responsables", affirmait en fin de semaine dernière Yoav Kisch. Comme un pacte transpartisan exige que la première obligation du gouvernement est d’assurer la sécurité de ses ressortissants, une fois la réponse militaire apportée, des explications seront exigées de la part du gouvernement en place.

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