Éthiopie : des élections législatives sur fond de guerre et de famine
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec 112 millions d’habitants, l’Éthiopie vote ce lundi pour des législatives qui devraient conforter le pouvoir du prix Nobel de la paix 2019, Abiy Ahmed.
De la situation en Éthiopie, dépend l’équilibre de la Corne de l’Afrique, d’où l’intérêt de la France qui entretient une base militaire de 1500 hommes à Djibouti, pays limitrophe du territoire éthiopien. L’arrivée au pouvoir à Addis-Abeba en 2018 d’un dirigeant de 44 ans, Abiy Ahmed, a suscité beaucoup d’espoir en Éthiopie, mais aussi à l’étranger, au moment où le pays ressemblait à un marché émergent. L’attribution l’année suivante du prix Nobel de la paix au premier ministre éthiopien - pour avoir résolu son conflit avec l’Érythrée - avait conforté cette impression favorable. D’autant que Abiy Ahmed s’était engagé à mettre en place des réformes de fond.
Premières élections pluralistes
Lundi 21 juin auront lieu les premières élections pluralistes de l’histoire du pays, en tout cas sur le papier. De ce point de vue, Abiy Ahmed tient tardivement une promesse faite il y a trois ans. Sauf qu’entre-temps, l’accord de paix signé entre l’Éthiopie et l’Érythrée a permis au Premier ministre en novembre dernier de lancer une contre-offensive dans la région rebelle du Tigré, prise en tenaille entre les deux pays. Une guerre sans fin où les massacres de civils, les destructions et les viols se succèdent, sans parler de la famine qui s’installe. Dans cette région, aucun scrutin ne pourra être organisé. Au total, un cinquième des circonscriptions éthiopiennes sera privé de vote, notamment en raison des violences communautaires. Une partie de l’opposition a décidé de boycotter le scrutin, ouvrant la voie au maintien au pouvoir d'Abiy Ahmed. Des observateurs seront présents mais pas ceux de l’Union européenne, faute de garanties suffisantes.
Vers un redressement du pays ?
Si le parti d'Abiy Ahmed remporte les élections législatives, le Premier ministre pourra néanmoins difficilement redresser l’Éthiopie car la guerre au Tigré a dissuadé bon nombre d’investisseurs étrangers de se risquer dans le pays. De plus, l’administration éthiopienne, issue du système pro soviétique des années 1970, ne favorise pas la croissance nécessaire face à l’augmentation de la population, qui a presque triplé en 40 ans. Les comptes de l’État sont plombés par les grands travaux, notamment après la construction par la Chine de la ligne de chemin de fer entre Addis-Abeba et Djibouti, entrée en service en 2018. Une ligne de vie pour l’Éthiopie, qui achemine par cette voie ferrée une grande partie de ses importations.
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