Espionnage chinois au Royaume-Uni : "Des pays s’organisent pour nous affaiblir et s’en prendre à nos valeurs", dénonce Rishi Sunak

La justice britannique a inculpé trois individus pour espionnage au profit des renseignements chinois lundi. Elle ne donne pas plus de détails sur la nature des faits qui leur sont reprochés, mais ce procès en dit long sur la nature des relations entre Londres et Pékin aujourd’hui.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a prononcé un discours sur la sécurité nationale lors du Policy Exchange, le 13 mai 2024 à Londres, en Angleterre. (CARL COURT / POOL)

En Grande-Bretagne, trois hommes comparaissaient lundi 13 mai devant le tribunal de première instance de Westminster. Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignements hongkongais et interférence étrangère. Cette affaire surgit quelques semaines seulement après une première comparution de deux autres personnes suspectées d’espionnage au profit de la Chine.

Le champ d’action de Pékin sur le territoire britannique s’est considérablement élargi depuis une dizaine d’années, depuis que Londres a accordé l’asile politique à de nombreux dissidents hongkongais. Cette ingérence, le Royaume-Uni l’a longtemps condamnée poliment, mais le degré d’infiltration est tel que la justice britannique décide aujourd’hui d’entamer un grand ménage de printemps.

Une liste de contentieux longue comme le bras

Pas plus tard que lundi matin, dans un discours de pré-campagne électorale, le Premier ministre Rishi Sunak a lourdement insisté sur l’urgence de renforcer la sécurité nationale face aux multiples menaces venant de l’étranger : "Je suis convaincu que les prochaines années seront les plus dangereuses que notre pays ait jamais connues, alerte-t-il. Les dangers qui nous menacent sont réels. L’axe des États autoritaires que sont la Russie, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine, ces pays s’organisent pour nous affaiblir et s’en prendre à nos valeurs. Chez nous, la Chine dirige des cyber-attaques contre nos députés démocratiquement élus."

Rishi Sunak évoque spécialement la Chine car la liste des contentieux entre Londres et Pékin est devenue longue comme le bras. Il y a d’abord eu les révélations des commissariats chinois non-officiels installés au Royaume Uni. Puis des étudiants chinois travaillant directement ou indirectement avec le régime ont été repérés. Un scandale a aussi été révélé, concernant des milliers de salariés ou entrepreneurs contactés en ligne par le gouvernement chinois. À chaque affaire, les activités d’espionnage de Pékin se rapprochent un peu plus du cœur du pouvoir britannique.

Fin de la discrétion diplomatique

L’affaire de cyber-espionnage contre certains députés britanniques, à laquelle fait référence Rishi Sunak, a fait trembler le Parlement en septembre dernier, au point d’évoquer une "menace systémique". Les députés ont d’ailleurs à l’époque critiqué l’absence d’informations sur ses attaques. Ils ont dénoncé le secret dans lequel les autorités avaient mené l’enquête, toujours pour préserver les liens diplomatiques avec Pékin. Mais depuis quelques semaines, le gouvernement a franchi un cap. Cette fois, la justice britannique accuse. Les inculpations sont officielles. C’est tout ce que déteste Pékin et c’est ce qui fait sans doute craindre à Rishi Sunak des lendemains encore plus menaçants.

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