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En Egypte, les pluies torrentielles déclenchent des attaques de scorpions

Le phénomène qui s'est produit dans la ville d’Assouan au sud du pays pourrait se reproduire en raison du réchauffement climatique.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un Androctonus, dans le Sahara. (FRANS LEMMENS / CORBIS UNRELEASED)

La scène fait un peu froid dans le dos. En l’espace de quelques heures, des milliers de scorpions sont sortis de leur tanière. Et plus de 500 personnes ont dû être hospitalisées.Le phénomène a été déclenché par des orages très violents avec des pluies abondantes, les plus violentes depuis onze ans dans cette ville d’un million et demi d’habitants, située dans un site magnifique sur les bords du Nil, au Sud de l’Egypte. Les scorpions, qui détestent l’eau, ont été délogés de leur terrier dans les dunes désertiques situées alentour, et ils ont cherché refuge dans les rues et dans les maisons, question de survie. Certains habitants ne les ont pas repérés, d’abord parce qu’ils étaient eux-mêmes en train de lutter contre les inondations (plus de 100 maisons ont été détruites à Assouan) et aussi parce que les scorpions sont généralement invisibles et inactifs à cette saison. Plusieurs personnes se sont soudain retrouvées encerclées par les animaux. Et les hôpitaux d’Assouan ont donc vu débarquer des centaines de personnes avec des piqûres. Il a fallu recourir en urgence aux stocks d’anti-venin. Là encore un phénomène d’une ampleur sans précédent.   

La menace des "tueurs d'homme"

En plus, ces scorpions sont très dangereux :  c’est une variété appelée Androctonus, également surnommée "tueur d’homme". Tout est dit. De couleur jaune, 8 à 10 cms de long et un venin potentiellement mortel pour les enfants ou les personnes âgées. Sans aller jusqu’à provoquer le décès, la piqûre engendre, chez les adultes, des fièvres, des vomissements, des problèmes respiratoires ou cardiaques, et de fortes douleurs. Les pouvoirs publics affirment que personne n’a été tué au bout du compte même si les réseaux sociaux égyptiens avancent le chiffre de quatre victimes.  

La combinaison de la hausse des températures et des pluies violentes

Et il y aurait donc aussi un lien avec le réchauffement. D’une part, les sécheresses estivales de plus en plus intenses, favorisent la reproduction de ces animaux dans les zones désertiques situées autour du Nil. Le scorpion résiste particulièrement bien à la chaleur et s’adapte donc parfaitement à la hausse des températures. D’autre part, le réchauffement, on le sait, s’accompagne aussi d’une augmentation de la fréquence des phénomènes météo extrêmes, comme ces inondations soudaines. Donc la scène est appelée à se répéter d’autant que le scorpion évolue très bien dans un milieu habité par les hommes, en particulier à la périphérie des villes, contrairement par exemple au serpent qui a tendance à fuir la présence humaine. L’Egypte compte 24 espèces de scorpions, toutes ne sont pas aussi dangereuses que l’Androtocnus, mais leur nombre augmente régulièrement.  

L'Algérie et le Mexique également touchés

L’Egypte n’est d'ailleurs pas la seule à être confrontée à cette recrudescence de scorpions. Le phénomène concerne potentiellement toute l’Afrique du Nord : l’Algérie à elle seule dénombre environ 50 000 cas de piqûre par an, ça fait près de 150 par jour. En Amérique Centrale, le Mexique est également fortement touché.   La bonne nouvelle, c’est que ces piqûres sont désormais rarement mortelles : les anti-venins existent en nombre et la prise en charge est de plus en plus rapide. Toujours en Algérie, par exemple, pour 50 000 piqûres, il n’y a eu, "que30 morts l’an dernier, des enfants pour la plupart. Mais enfin se voir soudain entouré de scorpions n’est pas une vision très réjouissante. On laisserait cela volontiers à Indiana Jones.  

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