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En Afghanistan, un mince espoir de paix au milieu de la barbarie

Quelques jours après un attentat épouvantable, le pays parvient enfin à se doter d’un gouvernement. C’est une lueur au milieu d’un enfer.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président afghan Ashraf Ghani et son rival Abdullah Abdullah sur le point de signer un accord à Kaboul, en Afghanistan, le 17 mai 2020. (HANDOUT / OFFICE OF CHIEF EXECUTIVE OF AFG)

Les bonnes nouvelles sont rares dans ce pays de 35 millions d’habitants plongé dans la guerre quasiment non-stop depuis 40 ans. Dimanche 17 mai, les deux principaux rivaux de la classe politique afghane, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, ont donc conclu un accord de gouvernement. Depuis l’élection présidentielle de septembre dernier, les deux hommes revendiquaient tous les deux la victoire, ce qui rendait impossible l’ouverture de vraies négociations avec la rébellion des talibans. Ce 17 mai ils sont parvenus à un compromis.

Ashraf Ghani, qui est le président sortant, conserve son poste. Mais Abdullah Abdullah décroche le poste clé : celui de négociateur en chef, à la tête du Haut conseil pour la réconciliation nationale. Et le Dr Abdullah est, de l’avis d’un diplomate occidental, "le meilleur". Il obtient également de pouvoir nommer la moitié des membres du gouvernement et l’un de ses conseillers, le général Dostum, se retrouve propulsé à la plus haute fonction militaire. Abdullah Abdullah a la réputation d’être un bon négociateur. Les chances d’un accord de paix avec les talibans sont donc légèrement plus élevées depuis dimanche.  

L'horreur dans une maternité

Mais pour l’instant, on est très loin de la paix : ces derniers jours, l’Afghanistan a plutôt replongé dans l’horreur. Lundi 18 mai un kamikaze s’est fait exploser dans l’Est du pays, tuant sept personnes et faisant des dizaines de blessés. Cet attentat suicide, revendiqué par les talibans, visait les services de renseignement afghans. Jeudi 14, une autre attaque, au camion piégé, revendiquée elle aussi par les talibans, avait déjà tué cinq civils dans la même région.

Pire encore, rappelons cet attentat atroce commis mardi 12 mai dans une maternité de Kaboul, où trois hommes armés ont tiré de sang froid sur des femmes en train d’accoucher et sur leurs bébés. Cet acte de barbarie a fait 24 morts. Mais en l’occurrence, les talibans nient être impliqués. Et selon les services américains, c’est le groupe Etat Islamique qui serait l’auteur de cette atrocité. L’hypothèse est plausible : l’attaque visait une maternité fréquentée par une minorité chiite, cible fréquente du groupe Etat Islamique. Et surtout Daesh, désormais implanté en Afghanistan même si ses effectifs restent modérés, cherche à semer le chaos pour faire dérailler les négociations de paix initiées entre Américains et talibans.  

La communication des talibans sur le coronavirus

Le but du nouveau négociateur, Abdullah Abdullah, est d’emboiter le pas à ces négociations, cette fois au niveau du pouvoir civil, et ce sera compliqué. Les talibans sont en effet en position de force. Ils contrôlent plus de la moitié du pays. Ils savent que les Etats-Unis veulent de toute façon retirer leurs soldats. Et ils ont même renforcé leurs positions grâce à l’épidémie de coronavirus. Impossible de connaître le bilan réel dans le pays, les chiffres officiels (73 morts et 7 000 malades) sous-estiment sans aucun doute la réalité.

Mais une chose est certaine : dans ce pays où les structures de santé sont défaillantes, les talibans ont profité de l’occasion pour faire de la communication, se filmant en train de distribuer des tests, des masques ou des thermomètres. Aux yeux de tout une partie de la population, ils sont la force la plus légitime.  

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