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En Afghanistan, les talibans poursuivent leur progression à l'approche du retrait militaire américain

Alors que les Etats-Unis s’apprêtent à se retirer du pays après 20 ans d’engagement militaire, les talibans en profitent pour passer à l’offensive. Ils viennent de prendre le contrôle d’un poste-frontière clé.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La silhouette d'un agent de sécurité afghan est visible à un poste de contrôle à Jalalabad, en Afghanistan, le 23 juin 2021. Photo d'illustration. (GHULAMULLAH HABIBI / EPA)

Le nom de Shir Khan Bandar ne vous dit sans doute rien. Mais en Afghanistan, c’est un symbole. C’est le poste-frontière situé au nord de ce pays de 37 millions d’habitants. Il contrôle l’accès à tous les pays d’Asie Centrale, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, au-delà la Russie et la Chine. Autrement dit : un point stratégique majeur.

Mardi 22 juin, les talibans ont pris le contrôle de Shir Khan Bandar, le tout en moins d’une heure. Une offensive de plusieurs centaines d’hommes armés, visiblement bien préparée. Depuis, ils tiennent la place et contrôlent aussi les principaux axes de passage situés autour de la grande ville la plus proche, Kunduz. Le symbole est d’autant plus fort qu'il s'agit de la partie nord de l’Afghanistan, alors que les talibans sont traditionnellement implantés surtout à l’est vers le Pakistan, et au sud dans la région de Kandahar.

Un retrait achevé au plus tard au 11 septembre

Le gouvernement civil afghan basé à Kaboul assure être déterminé à reprendre le poste-frontière, mais ça s’annonce compliqué d’autant que les troupes internationales, et en particulier américaines, sont donc sur le point de se retirer. Le retrait sera définitif au plus tard le 11 septembre, 20 ans pile après les attentats qui ont déclenché l’intervention américaine, justifiée par le fait que le régime taliban alors au pouvoir protégeait les dirigeants d’Al Qaida.

Le 11 septembre, c’est la date limite. Mais tout le monde s’attend à ce que les derniers soldats américains (ils ne sont plus que 2 500) commencent à partir dès le début du mois de juillet. Ils seront suivis par les autres militaires internationaux, 7 000 environ, essentiellement des Allemands et des Australiens. Joe Biden, qui s’inscrit dans la continuité de Donald Trump sur ce sujet, va sans doute confirmer ce calendrier au président légitime afghan Ashraf Ghani, qui sera reçu en fin de semaine à la Maison Blanche. L’armée régulière afghane, souvent mal équipée et mal formée, va donc se retrouver seule face aux talibans. Sauf à ce que de vraies négociations s’engagent entre les deux parties. Mais ça n’en prend pas le chemin. Les talibans, qui se sentent plus forts, n’en voient visiblement pas l’utilité.  

Les principales villes encerclées

Les talibans attendent leur heure tout en progressant militairement. Rien que lors des six dernières semaines, ils ont pris le contrôle de 50 districts supplémentaires (le pays en compte 370). Ils maîtrisent aujourd’hui plus de la moitié du pays, qu’ils administrent à tous points de vue car ils gèrent la justice, l’éducation, la santé, etc. Ils sont en train d’encercler toutes les villes principales. Ils semblent persuadés de leur victoire dès le retrait militaire américain achevé.

La déléguée spéciale de l’ONU sur le sujet, Deborah Lyons, ne cache d’ailleurs pas son inquiétude. L’éventuel retour des talibans à Kaboul pourrait en effet signifier la réinstauration d’un régime islamique et de la charia, avec tout ce que cela implique, notamment pour les droits des femmes. L’Histoire menace donc de se répéter puisque c’est exactement ce qui s’était produit dans les années 1990.  

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