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Des réactions de haine en Belgique après l'incendie d'un centre destiné aux migrants

Dans le Nord du pays, un torrent de haine anti immigrés est apparu après cet acte criminel.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le centre destiné aux migrants incendié à Bilzen, en Belgique. (VIRGINIE LEFOUR / BELGA MAG)

Ça se passe à Bilzen, petite ville de 30 000 habitants située au Nord Est de la Belgique, à quelques kilomètres à peine des Pays-Bas et de la ville de Maastricht, célèbre depuis le traité européen que l’on sait. Dans la nuit du dimanche 10 novembre au lundi 11 novembre, un bâtiment en rénovation destiné à accueillir des demandeurs d’asile a donc été incendié. Pas de victime, mais les dégâts sont considérables. Outre le fait que ce type d’acte criminel est une première en Belgique, ce qui frappe ce sont les réactions de certains habitants et les commentaires sur les réseaux sociaux depuis 48 heures. Sur place d’abord, au moment des faits, une personne qui appelait les secours s’est faite interpeller par d’autres habitants qui lui disaient "laisse tout ça brûler", ou bien encore "bien joué, mais ça arrive quelques semaines trop tôt". Sous-entendu : il aurait mieux valu attendre que le centre soit réellement occupé par des migrants. Sur Twitter, certains commentaires, depuis 48h, sont encore plus violents : "Super continuez !", "Enfin quelqu’un prend les choses en main", "Qu’on laisse ces bronzés partir en fumée", etc. Ces commentaires, pour la plupart, ont été supprimés depuis leur publication. Mais c’est quand même saisissant.  

La mobilisation de l'extrême droite du Vlams Belang

L’origine criminelle de l’incendie est établie : deux enquêtes ont été ouvertes, et la police est assez catégorique, puisque des traces d’effraction ont été découvertes. Et tout ça se produit alors que depuis de longues semaines, l’extrême droite flamande, le Vlams Belang, et le groupuscule radical VoorPost, ont organisé plusieurs manifestations devant le bâtiment pour s’opposer à son ouverture. Les travaux étaient censés s’achever mi-décembre, afin d’accueillir 140 demandeurs d’asile. Le Vlams Belang, qui a connu une forte progression dans cette partie de la Belgique lors des élections de mai dernier, a officiellement condamné cet acte criminel. Mais il y voit le signe que la population ne veut décidément pas de ce centre d’accueil. L’agence fédérale belge qui s’occupe des demandeurs d’asile, le Fedasil, souligne que ces dernières semaines, les incidents anti migrants ont triplé chez nos voisins.  

Une hausse de 19% des demandes d'asile

Le Fedasil et la Croix Rouge affirment que le centre ouvrira malgré tout : ils veulent que les travaux de réparation soient rapides, afin d’envoyer un signal aux criminels. Pas question de céder à la violence. La ministre chargée du sujet, Maggie de Block, va dans le même sens. La Belgique possède 70 centres d’accueil qui regroupent près de 25 000 demandeurs d’asile, principalement des Syriens, des Palestiniens et des Afghans. Et leur nombre a augmenté de 19% l’an dernier. Ce sont ce que l’on appelle des "flux secondaires" : les migrants n’arrivent pas directement en Belgique, ils proviennent d’autres pays européens, la France, l’Allemagne, etc. Et l’asile est accordé à environ la moitié d’entre eux. Comme dans de nombreux pays européens, la population belge est très polarisée, très divisée sur le sujet.

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