Brésil : dans sa dernière ligne droite, le duel entre Lula et Jair Bolsonaro s'enfonce dans le caniveau
Le deuxième tour de l'élection présidentielle se déroule le 30 octobre. Et la fin de campagne est très tendue entre l’ex président de gauche Lula et l’actuel président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Les échanges d’insultes se multiplient entre les deux camps.
"Jamais une campagne électorale n’a été, au Brésil, d’un niveau aussi bas ", voilà ce qu’écrit Merval Pereira, l’un des grands éditorialistes du journal O Globo. C’est vrai, le niveau de cette fin de campagne est consternant. L’équipe Bolsonaro traite Lula de "sataniste" et de "repris de justice". Le camp d’en face répond en qualifiant Jair Bolsonaro de "pédophile" et de "cannibale". Et ce n’est là qu’un échantillon : on entend aussi les mots "dictateur", "psychopathe" et bien sûr "corrompu" des deux côtés.
Après six mois de campagne, il n’y a quasiment plus de débat sur le fond, les propositions passent à l’arrière-plan alors qu’elles sont quand même assez différentes. Ce qui domine, c’est l’animosité personnelle entre les deux hommes, et les Brésiliens sont surtout invités à choisir entre deux caractères, deux personnalités que tout oppose. Donc les attaques personnelles sont devenues la règle. Elles ne sortent pas de nulle part : Lula est évidemment attaqué en raison de ses démêlés passés avec la justice, même si il a été blanchi. Jair Bolsonaro se voit traiter de pédophile en raison de ses propos il est vrai très ambigus sur son attirance pour des mineures vénézuéliennes.
L'écosystème de désinformation façon Bolsonaro
Le corollaire, c’est un déferlement de fausses informations en utilisant bien entendu les réseaux sociaux qui sont l’outil de désinformation par excellence. Utilisés par 80% des 215 millions de Brésiliens. À ce jeu de la désinformation, Jair Bolsonaro l’emporte haut la main. Le Tribunal électoral, organe tout ce qu’il y a de plus officiel, vient même d’ouvrir une enquête contre "l’écosystème de désinformation" mis en place par le président d’extrême droite. Et hier, Lula, avec sa voix éraillée, a posté une vidéo sur le sujet: "Mes amis, dit Lula, aidez-vous à repérer et à combattre les fake news, mon adversaire a mis en place une véritable industrie du mensonge". Le candidat de gauche a même dû démentir, très sérieusement, "avoir signé un pacte avec le Diable". Le tribunal électoral a donc accordé 184 droits de réponse à Lula au vu des accusations mensongères de son adversaire. Dans l’autre sens, Jair Bolsonaro se voit lui accorder 14 droits de réponse, 13 fois moins.
Lula toujours en tête dans les sondages
Jusqu'à présent, les sondages donnent toujours Lula en tête avec 4 à 8 points d’avance selon les instituts. Entre 52 et 54% des voix pour l’ex président de gauche. Mais au premier tour, on s’en souvient, le président sortant d’extrême droite avait fait, avec 43%, beaucoup mieux que ne le prévoyaient les instituts. Jair Bolsonaro fait donc campagne tambour battant, en particulier dans le Nordeste, région plutôt acquise à Lula. Par exemple, mardi 25 octobre au soir, il était à Barreiras, pas très loin de Salvador de Bahia. Et il s’est posé, lors de son discours en défenseur de la famille. Jair Bolsonaro mise sur le dernier débat télévisé, vendredi 28 octobre au soir sur O Globo, pour doubler son concurrent sur le fil.
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