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Avec 12 ans de retard, l'EPR Finlandais construit par Areva démarre enfin

Le démarrage de ce réacteur nucléaire de nouvelle génération était initialement prévu en 2009 dans ce pays d'Europe du Nord frontalier de la Russie.

Article rédigé par franceinfo
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Les réacteurs nucléaires Olkiluoto OL3 EPR, OL2 et OL1 de la centrale nucléaire à Olkiluoto, Eurajoki, Finlande, le 17 août 2017 (ANTTI YRJONEN / NURPHOTO)

Il était précisément 2h22 du matin, 3h22 en Finlande, dans la nuit de ce 20 au 21 décembre lorsque la centrale est enfin entrée en marche, avec sa première réaction en chaine et alors qu’il faisait moins 12° à l’extérieur. Tout s’est passé normalement sur ce site baptisé Olkiluoto 3 (3 parce qu’il y a déjà deux anciennes centrales au même endroit et aussi un terrain d’enfouissement de déchets). Olkiluoto se trouve sur une presqu’île de l’Ouest de la Finlande, sur les bords du golfe de Botnie, face à la Suède, pas très loin à vol d’oiseau de la capitale suédoise Stockholm.

Le bâtiment de couleur terre et métallique possède une énorme structure de béton de 150.000 m3 afin de protéger la structure de l’EPR. La production d’électricité à proprement parler ne débutera qu'en janvier, avec le raccordement au réseau finlandais. Et même alors, Olkiluoto ne fonctionnera qu’à 30% de sa capacité. Il faudra attendre juin prochain pour voir la centrale tourner à plein régime. Elle devrait alors, à elle seule, fournir 1650 mégawatts, 14 à 15% de la consommation électrique de ce pays de cinq millions et demi d’habitants. L’opérateur finlandais TVO qualifie le démarrage de "moment historique". C’est aussi une étape importante pour Areva, alors que l’EPR français, celui de Flamanville, voit lui-même son ouverture sans cesse reportée.  

Un coût initial multiplié au moins par 4 

Et là en Finlande, il a donc fallu attendre 12 ans: un "bourbier" de l’aveu même d’un ingénieur impliqué dans le dossier. 16 ans de construction au total, dont 12 ans de retard. C’était devenu l’Arlésienne. Entre temps, le coût a quadruplé, passant de 3 milliards à 12 milliards d’euros, sans doute plus avec les coûts indirects. Une facture en partie réglée par vous et moi, puisque par l’État français, derrière Areva. Le chantier, comme celui de Flamanville, a connu de multiples problèmes, techniques.

Il a fallu changer des tuyaux fissurés, modifier les vannes de commande, renforcer la structure de béton. Les relations ont été tendues avec l’autorité de sûreté nucléaire finlandaise, la Stuk. Pendant ce temps, côté français, la filière nucléaire a été réorganisée, donc problèmes d’interlocuteurs, renvois d’ascenseur et litiges juridiques. Avec une livraison sans cesse reportée, 2009, puis 2014, puis 2018. Et enfin 2021, presque 2022. Avec à chaque fois des pénalités financières de retard.  

Un espoir de relance pour la filière nucléaire 

Cela dit le résultat est un symbole important en termes économiques comme géopolitiques. D'abord c’est la première fois depuis 15 ans qu’une nouvelle centrale nucléaire est mise en marche sur le sol européen. Et pour la filière nucléaire, c’est l’espoir que cette énergie, très mal en point après la catastrophe de Fukushima, reprenne des parts de marché.

Ses défenseurs, notamment la France, soulignent qu’elle n’émet pas de CO2 et espèrent donc voir la commission européenne classer le nucléaire comme une énergie compatible avec le plan vert sur le climat. Et puis c’est aussi le symbole d’un attachement européen de la Finlande, face à son grand voisin de l’Est, la Russie qui a décroché le contrat de construction d’un autre réacteur nucléaire dans le pays à Pyhäjoki, un peu plus au Nord. La Finlande cherche donc à ménager ses différents partenaires tout en garantissant son indépendance énergétique.  

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