Au Cameroun, des célébrations pour les 40 ans au pouvoir de Paul Biya et beaucoup de flou pour la suite
Les festivités marquant les 40 ans de l'accession au pouvoir de Paul Biya sont organisées par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, fondé par le président en 1985. Des préparatifs étranges : nul ne sait aujourd'hui si le principal intéressé participera, dimanche 6 novembre, à cette célébration.
À 89 ans, Paul Biya, dont la santé paraît fragile, cultive la discrétion. Ses apparitions publiques sont rares. L'une des dernières remonte au 26 juillet 2022, lors de la visite à Yaoundé d'Emmanuel Macron. Interrogé sur ses intentions après la fin de son mandat en 2025, le président camerounais avait entretenu le doute : "Le mandat que je mène a une durée de sept ans, avait-il rappelé. Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le point de savoir si je reste ou si je m'en vais au village."
Une boutade qui laisse dans l'expectative les éventuels prétendants à sa succession. Personne ne s'est officiellement déclaré. Sur ce sujet, tabou dans son entourage et dangereux pour les opposants, quelques noms circulent. D'abord celui du fils aîné du chef de l'Etat, Franck Biya, un homme d'affaires de 51 ans qui a autrefois participé à des campagnes électorales de son père. Mais certains le jugent peu intéressé par la politique et assez vélléitaire. D'autres noms sont cités, ceux de l'actuel ministre des Finances ou encore du ministre de la Communication. Sans oublier le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui bénéficie du soutien de la première dame Chantal Biya. C'est lui qui exerce de facto une grande partie du pouvoir exécutif.
Un président qui passe beaucoup de temps à l'étranger
Paul Biya a souvent séjourné à Genève, à l'hôtel InterContinental qu'il semble beaucoup apprécier. L'an dernier, des activistes camerounais avaient manifesté devant l'établissement pour dénoncer les coûteux séjours en Suisse du président et ses absences répétées du Cameroun. Ce mode vie interroge d'autant plus que la situation du pays se dégrade. 30 % des 28 millions d'habitants vivraient dans la pauvreté, tandis qu'une partie de l'entourage présidentiel profite de la corruption règnant au Cameroun. "Une clique de prédateurs qui s'enrichit en bénéficiant de l'absence du chef de l'Etat", selon une source journalistique camerounaise. Sur place la corruption qui sévit parmi l'administration et dans l'armée est un secret de polichinelle.
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Pourtant le pays doit relever de sérieux défis, économiques et sécuritaires.L'ouest anglophone du Cameroun -frontalier du Nigéria- est en proie à une rébellion armée qui a fait plus de 6.000 morts et un million de déplacés depuis 2016.Dimanche le parti présidentiel -le RDPC- fêtera les 40 ans de règne de Paul Biya sur le thème de la stabilité politique et de la paix.
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