Après la démission de Liz Truss, le Royaume-Uni entre dans une zone de forte incertitude
La Première ministre britannique a donc démissionné après seulement 44 jours au 10 Downing Street, 44 jours cahotiques. La suite s'annonce incertaine pour un parti conservateur en pleine tourmente.
En théorie, le parti conservateur, qui dispose d'une majorité confortable à la Chambre, n'est aucunement obligé de convoquer de nouvelles élections. Il peut attendre la fin 2024. Il lui suffit de désigner un nouveau leader, qui deviendra automatiquement premier ministre. C'est le principe du régime parlementaire britannique. Et c'est exactement ce qu'annonce le comité 1922 qui dirige l'organisation de cette désignation au sein du parti.
Le comité promet qu'un nouveau leader du parti sera désigné d'ici au vendredi 28 octobre, y compris via une consultation des militants. Les candidats à la succession de Liz Truss sont d'abord ses anciens rivaux de l'été dernier lorsqu'elle même avait décroché le leadership: l'ancien ministre des Finances Rishi Sunak, la désormais cheffe de la majorité à la chambre Penny Mordaunt, voire la brève ministre de l'Intérieur Suella Braverman qui a démissionné avant même Liz Truss. Mais la presse britannique bruisse aussi de la rumeur d'un retour de Boris Johnson, avec l'appui de plusieurs députés. L'ancien Premier ministre, malgré toutes ses frasques, reste en effet le dirigeant le plus populaire dans les rangs du parti conservateur. En tout cas, si les Tories parviennent à s'entendre, il n'y a aucune raison de voir se déclencher de nouvelles élections.
30 points d'avance pour l'opposition travailliste
Mais ce n'est pas la seule hypothèse. Plusieurs grands anciens du parti conservateur estiment que les divisions au sein du mouvement rendent une candidature de consensus impossible. Ils ajoutent qu'une cure d'opposition ferait le plus grand bien au parti après 12 ans au pouvoir. Et puis le désaveu qui frappe le parti est tel (avec trois Premiers ministres en un an, et quatre ministres des finances), le manque de cohérence sur la politique économique est si flagrant, que les conservateurs s'honoreraient à convoquer immédiatement des élections générales, deux ans avant le terme théorique. Des élections, c'est ce que réclament tous les partis d'opposition, les travaillistes, les libéraux-démocrates, les nationalistes écossais. Dans cette hypothèse, les travaillistes partiraient ultra-favoris. Les enquêtes d'opinion leur donnent aujourd'hui 30 points d'avance !
Le risque de colère sociale
Le dernier élément d'incertitude porte sur la réaction de la société britannique face au chaos. De nouveaux mouvements sociaux, avec de nouvelles grèves dans les transports, sont plausibles. L'ancien conseiller de Tony Blair, Alastair Campbell, appelle à descendre dans la rue s'il n'y a pas d'élections générales. La situation économique est très inquiétante: l'inflation dépasse les 10%, la livre est chahutée, les factures énergétiques flambent. Le pays, 6 ans après le Brexit, est dans la tourmente et plus désuni que jamais.
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