Après l'"Aquarius", un nouveau bateau humanitaire est de retour en Méditerranée
Pour la première fois depuis des semaines et l'arrêt controversés des activités de l'"Aquarius", un navire humanitaire européen vient de reprendre la mer au large des côtes libyennes.
C'est un navire noir et blanc de 26 mètres de long. Il s'appelle : "Professor Albrecht Penck", du nom d'un géographe allemand du début du XXe siècle. Le bateau a quitté jeudi 20 décembre le port d’Algesiras en Espagne, juste à côté de Gibraltar, vers les côtes libyennes pour une mission qui devrait durer trois semaines. Depuis l’arrêt définitif des activités de l’"Aquarius" début décembre, il n’y avait plus aucun bateau d’ONG en Méditerranée, contre cinq il y a encore neuf mois.
18 personnes ont embarqué à bord du navire, dont plusieurs anciens de l’"Aquarius" et deux médecins, notamment le chef de mission Jan Rippeck. L’objectif est de sillonner au large des côtes libyennes avec une grosse incertitude quand même : si l’Albrecht Penck porte secours à des migrants, il ne sait pas trop où il pourra se rendre. Le ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini reste sur sa position, c'est à dire la fermeture des ports italiens. Il est donc question d’un accord avec l’île de Malte, au large de la Sicile.
Les ONG allemandes en première ligne
Ce n'est pas un hasard s'il s'agit d'un bateau allemand parce que depuis des années, la plupart des ONG investies dans le secours en Méditerranée sont des ONG allemandes. En l’occurrence, il s’agit de l’association Sea Eye, basée à Regensburg au nord de Munich. Ces dernières années, Sea Eye a déjà affrêté deux navires de secours. Le dernier, avait conduit 60 missions en trois ans, pour 800 opérations de sauvetage ayant permis de recueillir 15 000 réfugiés. Et ces ONG sont souvent financées par les églises protestantes allemandes. En revanche, c’est la première fois qu’un bateau de secours portera un pavillon allemand : Berlin n’avait jamais donné son feu vert auparavant. Par exemple, le navire précédent de Sea Eye battait pavillon néerlandais.
2 200 morts cette année
Et même si on en parle moins, il y a toujours des naufrages et des morts de migrants en Méditerranée. Même si les chiffres ont baissé depuis trois ou quatre ans, on déplore tout de même 2 200 morts en Méditerranée depuis le début de l’année, et 17 000 depuis cinq ans. Et plus de 110 000 réfugiés, cette année encore, ont franchi l’obstacle pour arriver sur les côtes Européennes. La "route" maritime la plus meurtrière reste celle du centre, entre la Libye et l’Italie avec 1 300 morts cette année. Mais la route de l’Ouest, entre le Maroc et l’Espagne, est de plus en plus fréquentée et tend, elle aussi, à devenir un cimetière marin : près de 800 morts en 11 mois, et 15 rien que la semaine dernière. Cela dit, une évaluation précise est devenue impossible à effectuer parce que depuis des semaines, il n’y a plus de bateaux humanitaires dans la zone.
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