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Amazon renonce à installer son deuxième siège international à New York, sous la pression des élus locaux

Les élus craignent notamment une flambée des prix de l'immobilier si le géant américain de la vente en ligne s'installait à New York.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des New-Yorkais expriment leur satisfaction, après qu'Amazon a rénoncé à s'installer dans le Queens, le 14 février 2019. (DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Amazon renonce. Le géant mondial de la vente en ligne n'installera pas son deuxième siège international à New York. Ce devait être un projet gigantesque, à l'image du roi planétaire de l'e-commerce : une installation juste en face de Manhattan, à Long Island City, zone industrielle sur les bords de l'East River, avec à la clé 25 000 emplois, des milliards d'investissements, et la promesse de rendre encore plus dynamique la capitale financière américaine. Une aubaine pour la ville qui cherche depuis la crise financière de 2008 à s’affranchir de la tutelle de Wall Street. Sauf que  depuis l'annonce faite en grande pompe il y a trois mois par l'entreprise de Jeff Bezos, les élus démocrates du Queens ont tout fait pour torpiller le projet. Au point que l'entreprise a, d'elle-même, jeté l'éponge.

Trop d'avantages fiscaux

La liste des reproches est longue. Il y a d'abord les avantages fiscaux : près de deux milliards de dollars, promis par la ville de New York pour emporter le morceau face aux autres villes sélectionnées avec lesquelles elle était mise en concurrence. Or Amazon n'a pas la réputation de redistribuer beaucoup de pouvoir d'achat à ses salariés. Mais les élus démocrates ont aussi mis en avant la saturation du métro, déjà très encombré, et le risque d'explosion des prix de l'immobilier qui risque de chasser les revenus modestes. Seattle, où Amazon a son siège historique, est devenue l'une des villes plus chères du pays. Dans le Queens, le marché immobilier est imémdiatement reparti à la hausse en novembre, les acheteurs espérant investir dans la future Silicon Valley de la côte Est.

Le triomphe des élus démocrates

L’absence de concertation publique pendant les négociations, ou encore le fait qu’Amazon n’accepte pas les syndicats au sein de l’entreprise n'ont pas aidé à faire pencher la balance. Sur tous ces points, les élus locaux n'ont rien lâché. Aujourd'hui, ils triomphent. "Tout est possible" , a lancé sur Twitter Alexandria Ocasio-Cortez, nouvelle figure médiatique du Congrès américain qui a fait de la lutte contre les inégalités son cheval de bataille  Nous avons vaincu, écrit-elle, "la cupidité d’Amazon, son exploitation des travailleurs et le pouvoir de l’homme le plus riche du monde ". Une bataille qui renforce l'aile gauche du parti démocrate et sa nouvelle génération d'élus qui critiquent ouvertement Wall Street et le business model des Gafa.

Les New-Yorkais étaient pour

Le maire de la ville, Bill de Blasio, lui aussi démocrate, rejette la responsabilité de cet échec sur l’entreprise. Le gouverneur, Andrew Cuomo, plus amer encore, dénonce "un petit groupe d'élus qui a placé ses petits intérêts politiques au-dessus de ceux de la communauté". Il comptait sur 30 milliards de dollars de revenus supplémentaires, qui auraient pu être réinvestis dans les transports, les logements ou les écoles. Le retrait d’Amazon risque d’être d’autant plus mal accueilli que, selon les sondages de ces derniers jours, les New-Yorkais étaient majoritairement favorables à l’arrivée du géant de Seattle. 58% d'entre eux se disaient pour (selon une étude du Siena college Research Institute). Une proportion qui montait même à 70% chez les Noirs et 80% chez les Hispaniques, les plus touchés par le chômage.

Pas de plan B

Pour l'instant Amazon ne cherche pas d’autre endroit. Les critères du patron, Jeff Bezos, peuvent pourtant être cochés par d'autres mégalopoles : présence d'infrastructures de transport, plus d’un million d’habitants, capacité à attirer des talents et proximité d’aéroports internationaux. Le géant du net se concentre sur les deux autres projets également annoncés en novembre (et qui eux, sont déjà signés) : dans le Tennessee et à Washington. Washington, la ville de Jeff Bezos, qui espère profiter de sa nouvelle proximité avec les instances fédérales pour empocher un méga contrat de cloud computing (informatique dématérialisée) avec le Pentagone... New York attendra.

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