Transportez-moi. Le redécollage de la mobilité aérienne, vers une aviation plus verte
Alors que le trafic aérien redémarre progressivement, petit tour d'horizon des technologies de demain dans le secteur aéronautique
Des milliards d’euros ont été débloqués pour venir au secours, de la filière mais surtout pour sauver des emplois et conserver notre patrimoine industriel vis-à -vis de la concurrence. Mais cette manne devrait aboutir à un changement radical dans la conception et l’utilisation des avions et surtout à une rupture technologique, Yann Barbaux président de Aerospace Valley : "Aujourd’hui les ruptures qu’on recherche sont dans le domaine de l’empreinte environnementale et donc une rupture qui s’exprime par un pourcentage important de gains par rapport à la situation actuelle."
Concernant les exploitants, un accord international appelé Corsia stipule que pour les vols internationaux, les émissions de CO2 supérieures à celles de 2020 devront être compensées, notamment par des achats de crédits carbone. Air France a anticipé par un ensemble de mesures, comme le renouvellement accéléré de la flotte, avec des avions moins gourmands, permettant de compenser tous les vols domestiques, mais aussi en incitant les passagers à participer à un programme de plantation d’arbres grâce à la plateforme A Tree For You, et également en optimisant les trajectoires réduisant au minimum les changements de cap et en réalisant des descentes "continues". Enfin, l’électrification des véhicules de piste devrait se généraliser.
Les avions par exemple devraient éviter de rouler au moteur, soit en étant autonomes avec un moteur électrique dans les roues, soit tirés par un tracteur, ce que propose TLD, Valentin Schmitt son directeur. "Un tracteur à transmission électrique permet le déplacement de l’avion de la porte d’embarquement, jusqu’à la piste d'envol avec ses moteurs éteints. C’est une économie de 85% de carburant que l’avion aurait consommé durant le roulage. La consommation au sol des avions représente de l’ordre de 3,5 % du total de la consommation de l’aviation commerciale. Rien qu’à Charles-de-Gaulle cela pourrait faire économiser jusqu’à 300 000 tonnes de CO2 par an, c’est autant que le périphérique parisien !"
Ruptures technologiques
Une rupture technologique dans l’aviation permettrait à un appareil de faire peu ou pas de bruit, de réduire considérablement ses émissions de CO2, mais également d’offrir un embarquement simplifié, un confort et un silence en cabine inégalés. Les nouveaux avions se vendraient d’autant mieux qu’à la concurrence internationale féroce il faudra ajouter les pressions environnementales et humaines qui pèseront de plus en plus dans le débat.
La dernière véritable rupture dans le transport aérien a eu lieu il y a 50 ans pour le Concorde, il est temps de remettre en vol une merveille technologique non plus au bénéfice de la vitesse mais de l’empreinte sonore et atmosphérique.
On parle d’avions électriques de transports de passagers pour 2035, probablement pour des liaisons courtes et de petite capacité. Mais des projets multiples se préparent chez tous les constructeurs avec des moteurs électriques à hélices carénés et des formes totalement innovantes. Les agences gouvernementales du monde entier travaillent en amont sur ces nouveaux concepts. Coté moteur, on fera probablement appel d’abord à du bio kérosène, ou du carburant artificiel dit de synthèse. Mais l’hydrogéne bien qu’il soit difficile à maitriser semble le carburant de l’avenir : "L’hydrogène pourrait brûler pratiquement dans les moteurs actuels même s’il y aurait des modifications à faire, explique Yann Barbaux président de Aerospace Valley. Le gros problème avec l’hydrogène et l’aviation c’est le stockage de l’hydrogène à bord. Le réservoir d’hydrogène est aussi gros que la cabine qui va accueillir les passagers."
Pour l’instant, car on arrive à faire des réservoirs de plus en plus performants d’une part, et la forme des avions du type aile volante donneront plus de place comme le projet Maveric d’Airbus.
Les drones sont devenus une industrie importante dans le milieu aéronautique, qu’ils soient pour la défense pour aller faire la guerre à des milliers de kilomètres, ou faire de l’observation, ou du contrôle de police, ou encore dans la livraison, comme cela s'est vu durant la crise du Covid-19.
Investissements stratégiques
Des drones aux taxis aĂ©riens automatiques, il n’y a qu’un pas, on le voit dĂ©jĂ pour les voitures, mais comme pour ces dernières, se posera alors la question des risques, des responsabilitĂ©s et du degrĂ© de confiance des passagers qui penseront Ă "il y a-t-il un pilote dans l’avion ?"Â
Reste qu’une rupture technologique coûte cher. Le développement de l’A380 a coûté 7 milliards d’euros alors qu’en dehors de son gigantisme, cela reste un avion classique. Une rupture technologique c’est par exemple un profil aérodynamique variable élargissant son domaine de vol et permettant des décollages et atterrissages très courts par respect des riverains. C’est également une finesse équivalente à celles des meilleurs planeurs, c’est-à -dire 4 fois plus que l’existant. Ceci permettrait de commencer la descente à plus de 1 000 kilomètre/seconde moteurs réduits depuis l’altitude de croisière vers la destination finale. Un gain phénoménal à l’échelle mondiale. Enfin une rupture technologique c’est aussi des motorisations électriques, silencieuses, et des matériaux encore plus légers et résistants. Tout cela demandera un investissement significatif que seul Airbus aidé par l’ensemble des Etats européens pourrait assumer. Sinon, les Chinois ou les Américains nous laisseront au bord du chemin.
Une dernière chose qui nous fait rêver, même si le marché reste marginal, je veux parler du dirigeable. Le projet le plus abouti est celui de Flying Whales un constructeur français qui peut transporter des charges très lourdes au-delà des possibilités des hélicoptères, mais aussi verra-t-on apparaître des paquebots volants tels le Green Airship pour offrir des croisières en silence à 200 km/h. une autre façon d’admirer la terre.
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