Transportez-moi. La gestion des flux de passagers par les transporteurs publics
Malgré la crise du Covid-19, la terre n’a pas arrêté de tourner, les flux de passagers, nationaux et internationaux ont repris et il faut désormais adapter l’offre pour pouvoir faire voyager sereinement les personnes qui transitent chaque jour dans les transports.
Un système international de mobilité à revoir
La crise du Covid-19 a mis en exergue la problématique des transports, notamment en milieu urbain où les passagers ne cessent de croitre. Avec ou sans pandémie, on ne peut prétendre à transporter toujours plus de monde au même instant. Les distanciations imposées pourraient devenir la règle pour des transports plus confortables et moins denses. Pour parvenir à surmonter ces nouveaux défis il faudra de la rupture technologique, aussi bien dans l’architecture des gares, aérogare et stations pour fluidifier le trafic, mais aussi dans les véhicules, le tout régulé par de l’intelligence artificielle.
« On voit certaines technologies qui vont devenir des standards. Je citerais en premier la communication autour du niveau d’affluence. On a vu qu’à Taiwan, à Shanghai, à Tokyo, se développaient des applications qui donnent ce niveau d’affluence. Le deuxième standard, je pense, il est commun avec l’aérien, c’est le sans contact. C’est-à-dire comment on conçoit un parcours voyageur sans contact en gare et à bord » Agnès Grisoglio directrice de la Mass Transit Academy - SNCF.
Avant la crise, la RATP a transporté plus de 310 millions de voyageurs par an et en Europe près de 10 milliards de voyageurs empruntent chaque année les réseaux ferroviaires. Le transport aérien, lui, a dépassé les 4 milliards de passagers. Cela représente des millions de voyageurs qui se croisent dans les gares et aéroports. Alors, comment gérer et coordonner ces flux de milliards de passagers dans le contexte actuel ? Stéphane Féray Beaumont, Vice-Président Innovations & Mobilités intelligentes d’Alstom présente une solution d’orchestration et de gestion de flux qui utilise l’intelligence artificielle mise en place au Panama. « Lorsque la crise est arrivée, l’opérateur a dû changer sa façon d’opérer afin de calibrer le nombre de passagers dans le train afin de respecter la distanciation sociale. Nous nous sommes rendus compte avec lui qu’en modifiant les paramètres de cet outil d’orchestration, c’est-à-dire qu’on change l’offre, qu’on change la demande, on a adapté, et ça permet à l’opérateur de contrôler ses flux de passagers. »
Comment contrôler les flux ?
Pour contrôler ces flux, il faut faire en sorte que le passager soit pris en charge de son point de départ à sa destination et que les différents modes de transports qu’il va utiliser au cours de son voyage soient complètement synchronisés. C’est ce qu’on appelle l’orchestration des modes et c’est le challenge de la mobilité du futur. Pour y parvenir, il est primordial de faire circuler les informations nécessaires, notamment celles concernant les niveaux d’affluence. Les statistiques sont très utiles, puisqu’elles prennent en compte la période, les fêtes, les vacances scolaires puis affiner avec l’achat des billets. Ainsi les compagnies aériennes peuvent se permettre de faire du surbook, c’est-à-dire vendre plus de place que le maximum, avec une marge d’erreur infime.
Il faut, très en amont, avoir les bonnes données au bon moment pour bien concevoir la gestion des flux
Agnès Grisoglio, directrice de la transformation et de la Mass Transit Academy.
Pour Stéphane Féray Beaumont, un voyage plus confortable et plus sûr est également l’objectif de la mobilité de demain et Alstom travaille déjà sur ces solutions.
« Ça fait longtemps qu’on travaille sur des solutions qui permettent d’augmenter la confiance des passagers dans les transports publics. Des solutions sanitaires, anti-bactériologiques, antivirales, etc. Des solutions d’informations des passagers sur les rames et les voitures les plus chargées en avance de phase sur les quais. »
On offre un transport de qualité, un transport sûr du point de vue de ces aspects sanitaires
Stéphane Féray Beaumont, Vice-Président Innovations & Mobilités intelligentes d’Alstom
Pour parvenir à résoudre les problèmes de gestion des flux, on peut également regarder ce qui se fait dans la nature, c’est ce qu’on appelle le « bio-mimétisme ». Concernant les embouteillages, les mouvements de foules et la gestion des flux nous avons beaucoup appris des fourmis. « Lorsque des embouteillages se produisent, les fourmis sont capables de créer une autre piste pour désengorger la route qui est très marquée. » Professeur Vincent Fourcassié, directeur de recherche du CNRS.
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