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Les transports publics sont-ils trop chers?

Le salon des transports publics, grand rendez-vous européen de tous les acteurs du transport public et des modes de déplacement durables se tiendra les 10, 11 et 12 Juin à Paris. Il réunit l’ensemble des acteurs : autorités organisatrices, opérateurs, industriels, constructeurs et sous-traitants.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 70 min
  (© gie transports publics)

Les salariés sont contraints de s'éloigner des villes à cause des logements devenus trop chers, ou encore par choix de qualité de vie, les distances travail-domicile n'ont pas cessé d'augmenter. Conséquence : des encombrements monstres aux abords des villes, et un report sur les transports en commun dont la demande est toujours plus forte.

Ces lourds investissements et frais de fonctionnement ne se répercutent pas forcément sur le prix du billet. Charles Eric Lemaignen Vice-président du GART (Groupement des autorités responsables des transports) nous explique qu'entre 1999 et 2011, le poste des transports publics est la seule prestation qui n'a pas augmenté ! "Pendant ces 12 ans le gaz et l'électricité ont augmenté de plus de 60%, les cantines scolaires de 25% et les transports publics qui ont pourtant augmenté leur offre de transports ont baissé en euros constants ! " justifie Charles Éric Lemaignen.

Alors qui paie quoi?

" en moyenne en France 40 à 45 % du cout des transports est payé par les entreprises, 35 à 40% par les collectivités (nos impôts) et seulement 20 à 30 % par les usagers"

Il y a pourtant des défenseurs du transport public gratuit, comme cela se fait à Aubagne, par exemple, mais c'est aussi accepter des charges supplémentaires pour les entreprises et les dépenses publiques. Jean Louis SAGOT, essayiste trouve que cela pacifie la ville "plus de fraudeurs, puisque c'est gratuit..."

Jean-Marc DANIEL, économiste, prône une prise de conscience sur le prix réel : "à faire gratuit ou moins cher, on fait payer les générations futures qui n'en auront même pas profité".

Pour Charles Éric LEMAIGNEN, il faut rationaliser les dépenses, augmenter la concurrence entre les exploitants, adapter le type de transports à la fréquentation, bref toute une palette de mesures dont le prix du ticket  solidaire : c'est à dire faire payer les usagers non pas en fonction de leur statut, mais de leur pouvoir d'achat

"trouvez-vous normal qu'un usager parce qu'il a 60 ans paie moins qu'un autre alors que les 55-65 ans ont le plus de moyens?"

Il préconise donc des prix adaptés à chaque personne en fonction de leur niveau de vie, comme cela se pratique à Strasbourg.

Ecouter l'Interview complète de Charles-Eric Lemaignen

En région parisienne avec ses 3 milliards de déplacements par an, il ne faudrait pas que la mise en place de cette mesure coute plus chère que les économies escomptées. Mais on pense ! Pierre SERNE, Vice-président chargé des transports en Ile de France, explique :

"Entre les tarifs jeunes, étudiants, demandeurs d'emplois, ce sont plus d'1 million d'usagers qui paient de 0 à 50% du prix et qu'en tout état de cause , le tarif payé par les usagers en Ile de France est l'un des moins chers du monde"

Ecouter l'Interview complète de Pierre Serne

C'est donc toute une palette de solutions pour avoir toujours plus de confort et surtout de régularité. 

Les horaires variables pour désengorger les heures de pointes, le télé travail, ou le co-voiturage sont des solutions parmi d'autres. La dernière en date : faire accepter par les entreprises de prendre en compte le vélo, dans les indemnités kilométriques.

Le ministère des Transports vient de lancer il y a 3 jours une expérimentation qui pourrait enfin donner lieu à une indemnité kilométrique de 25  centimes le kilomètre. Une autre façon d’alléger les transports et les comptes de la sécurité sociale puisque l’organisation mondiale de la santé recommande 30 minutes de sport par jour.

BONUS

Frédéric Cuvillier, ministre des Transports, a annoncé lundi dernier le 2 Juin l'expérimentation d’une "indemnité kilométrique vélo" . 19 entreprises et organismes salariant au total 10.000 personnes vont tester le dispositif.

L’indemnité, versée par l’employeur, est donc fixée à 25 centimes par kilomètre et n’est pas cumulable avec le remboursement de l’abonnement aux transports publics"sauf s’il s’agit de trajets complémentaires" , c’est-à-dire si le salarié prend le train avant d’enfourcher son vélo, par exemple. "Les transports en commun, mais aussi la voiture, sont indemnisés dans le cadre d’un déplacement entre son domicile et son travail. Ce test grandeur nature nous permettra d’évaluer si ce dispositif peut s’étendre au vélo" , justifie M. Cuvillier.

 

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