Les transports font leur cinéma
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Les Frères Lumière présentent le premier film de l’histoire du cinéma : Arrivée d’un train en gare de la Ciotat . Les spectateurs fuient la salle, effrayés par cette machine grondante et fumante qui se précipite sur eux. Depuis, transports et cinéma sont indissociables. Mais si avions, motos, voitures et autres "Titanic" constituent parfois le lieu de l’intrigue, tous les longs métrages, dans l’envers du décor, nécessitent des moyens logistiques importants, qu’ils soient maritimes, terrestres ou aériens.
Et lorsqu’il s’agit de filmer la nature, il faut s’adapter aux comportements des animaux et inventer de nouvelles machines afin d’imiter leurs manières de se mouvoir.
Ainsi, pour Le Peuple migrateur , les équipes ont passé trois ans à s’imprégner du mode de vie des oiseaux pour pouvoir les filmer en plein vol : "Pour ce film, on avait une quinzaine d’opérateurs qui ont été formés à l’ULM afin de tourner à 2.000 mètres d’altitude" , se souvient Jacques Perrin, "il y a une véritable sensation de vertige ! Mais dès que l’opérateur est accompagné des oiseaux il n’a plus peur parce que l’oiseau qui vole à ses côtés le tranquillise".
Mais malgré des moyens technologiques toujours plus innovants et développés, et des modes de transports adaptés aux animaux, ces derniers réservent parfois des surprises : "On tournait à New York et une troupe de bernaches sauvages est passée au-dessus de l’Hudson. Nos bernaches sont parties vers le Sud avec elles… C’était la catastrophe ! ", se souvient Jacques Perrin, "au bout de deux, trois heures, elles sont revenues. Je crois que dès qu’elles ont su que les sauvages allaient à 3.000 km, elles ont préféré revenir avec nous !"
Après avoir filmé depuis le ciel, Jacques Perrin a plongé ses caméras sous la mer pour le film Océans . Jamais les animaux marins n’avaient été filmés à 5-10 mètres sous la surface de l’eau, car cela nécessite des moyens technologiques particuliers : "On a mis au point un genre de missile que l’on traînait à grande vitesse et sur lequel nous avions fixé des effets olfactifs et des couleurs qui devaient attirer les poissons mais pendant des mois il n’y avait rien… Seulement du bleu…" , raconte le réalisateur. Patience et créativité sont nécessaires pour se fondre dans l’habitat des animaux : "Et puis un jour un poisson est venu se coller au hublot. C’était gagné !"
La faune terrestre est le sujet du prochain film documentaire de Jacques Perrin, intitulé Les Saisons . Ce documentaire embarque le spectateur dans un voyage temporel : retour à l’ère glacière, il y a 12.000 ans, puis aux premières fougères et à l’apparition des premiers mammifères.
À l’heure où l’homme s’est approprié la planète, Jacques Perrin fait le pari de filmer l’histoire des animaux sans l’ombre d’un humain
TRANSPORTEZ-MOI 05.07.2014 Interview complète de Jacques Perrin ok 22'
Là encore, filmer en mouvement, sur un terrain accidenté, est un véritable défi : "Un téléobjectif ne sert à rien… Il faut être à deux mètres de l’animal et être en mesure de le suivre" , explique Jacques Perrin, "or, dans la forêt, l’animal se précipite, fonce vers un arbre puis l’évite au dernier moment…"
Les équipes de Galatee films ont mis au point une machine tout terrain, permettant aux opérateurs d’imiter le déplacement des animaux et de les filmer au plus près : "On a inventé un système capable de les devancer, les accompagner, les suivre…On se faufile avec les animaux." L’envers du décor des films de Jacques Perrin montre que l’homme a encore beaucoup à apprendre de la mobilité des animaux.
BONUS Vidéo exclusive de Jacques Perrin
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