La crue centennale "simulée" à Paris
La crue dite "centennale" de 1910 avait paralysé Paris pendant plusieurs semaines : les caves, les égouts étaient inondés, on jetait les ordures dans la Seine pour les évacuer dans la Manche et pour les transports c’était la "bérézina" : quasiment plus de métro, de bus, de voiture ou de calèche ! On a tous en tête ces images des députés qui entraient en barque à l’Assemblée Nationale …éclairés à la bougie !
Aujourd’hui, malgré les bassins de retenue et les gros moyens mis en œuvre, les conséquences d’une telle crue, devraient être pire, car l’agglomération parisienne compte aujourd’hui 12 millions de personnes, mais surtout les berges ont été bétonnées, réduisant ainsi le lit de la Seine. Et enfin on a construit en dépit du bon sens, en empêchant l'écoulement des eaux.
4 à 5 millions d’habitants seraient impactés dont plus d’un million privés d’électricité et d’eau potable pendant plusieurs semaines.
Un retour à la normale prendrait plus d’un mois et demi
Les mesures préventives consistent tout d’abord à ne pas se faire surprendre : des sites comme vigicrues donnent des prévisions de 3 à 5 jours sur les débordements.
Un autre site interactif nommé "baignade interdite" montre ce que deviendrait votre logement ou votre garage en cas de crue.
Et l’Ifsttar, l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement, et des réseaux étudie les conséquences et met en garde les automobilistes.
Eric Gaume, hydrologue, directeur des risques environnementaux nous explique qu’il ne faut surtout pas rester dans sa voiture…C’est ce qui fait le plus de morts en cas de crue soudaine.
Il faut gérer 400.000 logements qui ont été construits en zone inondable en Ile de France: il faudrait donc évacuer 800.000 personnes avec des hélicoptères, des centaines de bateaux pneumatiques ou autres, qu’il faut faire venir de partout.
Le coût d’une crue centennale en région parisienne est estimée entre 30 et 40 milliards d’euros
Il faudra alimenter en nourriture et eau potable de nombreux habitants coincés chez eux, ou encore évacuer les 5.000 tonnes de déchets journaliers.
La gestion de l’eau, elle, est confiée aux Voies Navigables de France : Marc Papinutti, son directeur précise qu’avec 1.800 écluses, 500 barrages et des retenues d’eau comme les 4 lacs-réservoirs en amont de Paris, les risques de débordement devraient être limités...jusqu'à une certaine limite.
Mais il faut se méfier aussi des petits cours d’eau qui peuvent devenir rapidement dangereux notamment à cause des constructions qui limitent leur débit.
Cet exercice a donc démarré lundi dernier. Ce week-end on simule le point le plus haut de la crue, avec des exercices ouverts au public : programmes avec les lieux et les horaires.
Exemples : évacuation d’immeubles par bateaux ou hélicoptère, recherche de personnes avec des chiens, récupération de voitures ou de péniches à la dérive. Et demain dimanche, sur le Champ de Mars et au Bassin de la Villette de nombreuses animations seront proposées.
Jamais on n'aura mis autant de moyens, français et européen, et surtout des entreprises sont sollicitées pour participer aux exercices
Les réseaux de fluides (gaz, eau, électricité.. ), les transports (SNCF, RATP, voies navigables,…), la communication (dont Radio France), les centres hospitaliers, les banques et assurances, les préfectures, les pompiers, les militaires, bref tout le monde est sur le pont si j’ose dire !
La séquence insolite de cette semaine est pour ces maisons flottantes dans un quartier d’Amsterdam, elles peuvent monter et descendre au gré des niveaux d’eau le long de piliers (appelés duc d’Albe) , elles sont également transportables: il est ainsi possible d’en changer pour de plus grandes suivant ses besoins sur sa parcelle d’eau...très pratique !
75 millions de personnes chaque année dans le monde sont touchées par des inondations
Mon coup de cœur est pour une association nommée Frienship créée par Yves Marre , un français installé au Bangladesh, l’un des pays les plus menacés au monde par les crues provoquées par le réchauffement climatique. Il a créé, entre autres, des ambulances et hôpitaux flottants sur le fleuve Brahmapoutre.
Il a ainsi depuis 20 ans soigné plus d’un million de personnes dans des régions reculées.
Eric Orsenna, de l'Académie Française a visité les réalisations de cet homme hors du commun et lui a rendu un hommage :
"Il était une fois une belle idée folle. Il était une fois un homme assez fou pour concevoir cette belle idée folle. Et assez sage pour, contre vents et marées, donner réalité à cette belle idée folle. Il était une fois Yves Marre, navigateur et navigant d'Air France. A quarante-quatre ans, il décide de changer sa vie pour la mettre au service des autres… Il était une fois un être humain plus humain que la plupart des êtres humains qu'il m'a été donné de rencontrer sur cette Terre ."
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