Fin de vie et rétrofit des véhicules
Alors que suite au conflit en Ukraine, les livraisons de gaz et de pétrole russe vers l'Europe sont restreintes, voire arrêtées, le sujet de la décarbonation des transports revient dans l’actualité, avec une potentielle accélération de leur électrification, eux qui sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre.
Si la vente de véhicules neufs essence, diesel ou hybride est un jour interdite, il se posera la question de l’installation de bornes de rechargement, encore largement insuffisantes, et celle du recyclage du milliard et demi de véhicules thermiques à l’échelle mondiale, dont 40 millions en France.
C’est un challenge pour l’ONG Robin des bois, précise son porte-parole Jackie Bonnemain : “Planifier l’arrêt des moteurs thermiques en 2035, c’est un pari bien sûr, mais pour qu’il soit tenu, entre autres facteurs, il faudrait dès maintenant créer une filière beaucoup plus performante de démolition et de valorisation des voitures.”
La promesse du rétrofit
Le rétrofit, une solution intermédiaire entre le véhicule neuf et la fin de vie, consiste à remplacer le moteur thermique d’un véhicule par une motorisation électrique. C’est une pratique particulièrement intéressante pour les collectionneurs.
À ce titre, l’agence “4 roues sous un parapluie” propose des visites touristiques dans des Méhari et des 2CV rétrofitées par le Méhari Club Cassis.
“Dans le cadre de “4 roues sous un parapluie”, des Américains, des Japonais et des Chinois viennent découvrir la capitale dans une voiture mythique pour eux, souligne Stéphane Guimez, fondateur de l’agence. La 2CV est le symbole de la France, au même titre que le béret et la baguette. La transformer en véhicule électrique, ça apporte non seulement une touche de modernité, mais aussi un confort de conduite et un silence qui vont permettre au guide de commenter les magnifiques paysages dans des conditions bien meilleures.”
Une solution socialement, économiquement et écologiquement rentable
L’étape de l’homologation par type de véhicule reste un réel parcours du combattant car chère et pointilleuse. Il n’en reste pas moins que le rétrofit électrique devient une filière qui recrute, pour transformer aussi bien des bus et des bennes à ordures ménagères que du matériel aéroportuaire, des bateaux de croisières sur le Nil ou des safaris en Tanzanie sur des 4x4 rétrofités en électrique pour Voyageurs du Monde. C’est ce que pratique la société Carwatt.
Dans le maritime, on voit des conversions au gaz naturel liquéfié, comme le fait CMA-CGM, et des projets à l'hydrogène. Pour les péniches à petite vitesse, cette solution est aussi pertinente, explique Didier Spade, dirigeant de l’association Seine Alliance, qui rétrofite des péniches naviguant sur la Seine.
“Souvent, sur les bateaux, on met du lest en plomb ou en fer, qui en lui-même n’a aucun apport énergétique. Si vous remplacez le lest par des batteries, non seulement vous contribuez à la stabilité des bateaux en apportant du poids dans les fonds, mais en plus de ça, vous délivrez de l’énergie. Donc, c’est gagnant-gagnant.”
Tous les véhicules, qu’ils soient routiers, ferroviaires, maritimes, fluviaux, et même aériens, méritent d’être rétrofités car ils sont 2 fois moins chers que l’équivalent neuf. Dans une logique d’économie circulaire, c’est bon pour l’économie, les emplois locaux, et enfin bon pour la planète.
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