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Appel à la constitution de "casques bleus du feu"

Parce que le réchauffement climatique a accru les besoins, le monde n’est pas prêt à affronter les méga feux, appelés à augmenter.

Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un bombardier Dash 8-Q400MR de la Sécurité civile, combat la progression du feu de forêts près de Gignac dans le sud de la France le 26 juillet 2022. (Illustration) (SYLVAIN THOMAS / AFP)

La France avec ses 16,9 millions d'hectares de forêts, est le quatrième pays le plus boisé de l'Union européenne mais selon un rapport du Sénat, un tiers de cette zone est concerné par la probabilité d'incendies. Il y a urgence : nous sommes dans une véritable guerre du feu qui nécessite une coopération internationale rapide. Aviation sans frontières international appelle à la constitution de casques bleus du feu, avec des moyens mobiles pour intervenir partout dans le monde. Cette guerre n’a pas de frontières et nous concerne tous. 

La météo (sécheresse et vent) et le réchauffement climatique sont particulièrement défavorables, mais les activités humaines jouent aussi un rôle majeur dans la multiplication des incendies, y compris volontaires, comme en Amazonie. Chaque année, plus de 30 millions d’hectares de forêt disparaissent. 

Les feux de forêts : une menace de premier plan pour nos écosystèmes  

Du Sud de la France au pourtour méditerranéen, de la Sibérie à la Californie, de l’Australie à l’Amérique du Sud, une grande partie des forêts sont menacées de disparition, et avec elles la faune et la flore. 36,4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone ont été émis dans l’atmosphère sur l’année 2021, et 10 à 15% des gaz à effet de serre (Agence internationale de l’énergie, Mars 2022) : un record absolu.

Des moyens, des ressources, une solidarité mondiale, c'est ce qui doit se mettre en place. Les bombardiers d’eau, comme les Canadairs, doivent intervenir le plus tôt possible, dès le départ d’un feu. Il en est de même pour les moyens terrestres. Ceci implique une surveillance permanente et la disponibilité de moyens importants, notamment aériens, qu’un État seul ne peut assumer. Lorsque la propagation devient hors de contrôle, cela oblige les pilotes à voler très bas, parfois à flanc de colline, pour attaquer les feux à la racine. Malheureusement, les accidents ne sont pas rares, malgré les capacités exceptionnelles de ces pilotes.

Une brigade internationale sous couvert de l’ONU avec des moyens aériens, terrestres et fluviaux-maritimes, pourrait se projeter en renfort dans une zone en danger, en suivant la saisonnalité entre hémisphères Nord et Sud. Les matériels devront être compatibles et les formations harmonisées.  

Les astronautes qui cohabitent dans la station spatiale internationale, qu’ils soient Russes, Américains ou Européens, arrivent à collaborer pour la recherche au bénéfice de l’humanité. Pourquoi n'en serait-il pas de même dans des bataillons anti-feux? C’est le but même d’une telle organisation onusienne.  

De nouvelles techniques

Face à la menace grandissante des feux de forêts, les méthodes de lutte se modernisent. En France, Airbus propose des solutions nouvelles, la start-up Kepplair propose une transformation d’un airbus capable de larguer jusqu’à 40.000 litres d’eau à chacun de ses passages, contre 6.000 litres pour les canadairs, lesquels, il est vrai, volent plus bas et moins vite, donc très efficaces.

Une rupture technologique aussi avec de nouveaux concepts qui apparaissent, comme le projet MIKAIl consiste à transporter de gros drones à bord d’avions cargo, de type A400M. Chargés chacun de 3.000 litres de produits, ils sont largués sur zone, et attaquent "en meutes". Ils sont pilotés depuis le sol, ou en mode autonome, afin de lutter plus efficacement contre l’incendie.

"Ces drônes sont programmés pour revenir à la base en automatique, une fois leur produit largué. De cette manière, une rotation continue est assurée pour avoir une bonne efficacité au niveau du feu. Jusqu’à présent, il nous manquait l’instrument qui permettrait aujourd’hui d’allier grande quantité d’eau et précision. Et quasiment en continu" précise Yann Barbaux, ancien directeur de l’innovation d’Airbus et ex-président d’Aerospace Valley.

En un seul passage, 5 à 6 drones sont largués et peuvent éteindre entre 100 et 200 mètres de feu par minute. En une heure, le dispositif permet d’éteindre un incendie sur 3 à 8 km. 

Investissements financiers et humains : urgence absolue

Le coût de ces matériels innovants est estimé à 35 milliards d’euros, c'est-à-dire 35 fois moins que le coût de la guerre en Ukraine ! Ce projet bénéficierait à l’ensemble de l'humanité s’il était pris en compte par une coopération internationale – à l’instar  des “casques bleus” – puis doté de moyens importants sur terre et dans les airs. Agir n’est pas seulement bénéfique sur le plan écologique, mais aussi économiquement : la tonne de CO2 serait chiffrée à 6 dollars, tandis que le reboisement, conséquence des incendies, coûte aujourd’hui autour de 50 dollars.

Et surtout, ces nouvelles solutions, qui permettraient de limiter l’ampleur des feux, aideraient à préserver la faune et la flore, qui paient un lourd tribut, sans compter les dégâts matériels et humains.

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