Vers une baisse des taux d'intérêts en zone euro
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas touché au principal taux d'intérêt
actuellement fixé à 0,25%. Ce taux permet de déterminer au sens large les
conditions de financement de l'économie réelle : investissement des
entreprises, emprunts des ménages, etc...
Mais Mario Draghi a immédiatement envoyé un
message : la porte reste ouverte à une baisse lors de la prochaine réunion
de la BCE en juin. Il attend de voir les derniers indicateurs qui seront
publiés au début du mois prochain. Cette annonce a rassuré les investisseurs et
fait redescendre un peu l'euro, mais pour combien de temps ? C'est toute la
question.
La BCE ne peut pas intervenir directement sur les cours de la devise
Cette question est très sensible. Plus la monnaie unique
est élevée, plus elle pénalise nos entreprises exportatrices. Nous vendons nos produits plus chers à l'étranger. Depuis
plusieurs semaines, 1 euro vaut environ 1,38 dollar alors que le bon niveau
estimé, pour ne pas pénaliser notre économie, est aux alentours de 1,20 dollar.
On en est loin !
Pourquoi Mario Draghi n'intervient pas
immédiatement ? Parce que ce n'est pas son rôle. Cela n'est pas prévu dans
les statuts de la BCE. La Banque centrale européenne s'occupe du contrôle des
prix (l'inflation) mais elle n'a pas le droit d'intervenir directement sur les
cours de la devise. Cela peut paraître étrange, mais c'est ainsi. En revanche, il a déclaré que le niveau de l'euro était un sujet de ''préoccupation'' majeur, se démarquant ainsi de la doctrine jusqu'à présent respectée par ses prédécesseurs, dont Jean-Claude Trichet qui fut en son temps grand gardien de l'orthodoxie.
Mais si Mario
Draghi n'a pas modifié sa politique monétaire, c'est aussi parce qu'il estime que les critères ne
sont pas réunis : l'économie européenne montre des signes de reprise et
l'inflation a légèrement rebondi en avril à 0.7%, ce qui reste très éloigné du
niveau idéal de 2% définis par les canons de la BCE. Baisser les taux nous
éloignerait un peu plus de cet objectif.
La BCE veut un indice des prix plus élevé
Pour le consommateur c'est déroutant mais des prix trop
bas, c'est mauvais pour tout le monde au sens des grands équilibres économiques.
Nous, consommateurs, ne voyons que notre porte-monnaie. Rien de plus logique.
Le rôle du dirigeant – Mario Draghi en tant que banquier central – est très
difficile à endosser parce que mal compris : veiller à ce que la machine
ne déraille pas.
Ne pas trop baisser les prix
Concrètement, des prix qui restent très bas, très
longtemps (sur plusieurs trimestres), c'est un très mauvais signe. Cela prouve
qu'il n'y a pas de demande. Pas de demande : pas d'activité économique. Pas
d'activité économique : problème sur l'emploi. C'est ce que l'on appelle
la déflation.
La France vient d'y être confrontée mais s'en sort
progressivement. Cela demande un pilotage précis. C'est le rôle de Super Mario.
Mettre tous les éléments dans la balance.
Chacun est dans son rôle. Manuel Valls va demander plus
de souplesse à Bruxelles... dont acte ! Le FMI et l'OCDE demandent à Mario
d'être ''plus cool''... dont acte ! Mais Mario Draghi c'est le mécanicien
qui dispose de la clef à molette pour retenir ou lâcher la vapeur, d'un tuyau à
l'autre, quand c'est nécessaire pour le bien commun.
Au politique de reprendre la main
C'est au politique de reprendre la main. Et ce n'est pas
en vitupérant contre ''l'Europe destructrice'' que l'on y arrivera. Oui, il
faut créer une gouvernance économique européenne qui, de toute évidence, fait
défaut aujourd'hui. Oui, il faut remettre de la logique dans tout cela et ne
plus laisser l'euro dériver sur de simples critères financiers. Une occasion se
présente le dimanche 25 mai avec les élections européennes. A chaque européen
de prendre ses responsabilités.
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