Vers un choc de compétitivité ou de profitabilité ?
Les trois mots ''choc de compétitivité'' ont été prononcés début juillet par Louis Gallois, ancien patron du groupe EADS, qui remettra un rapport sur le sujet le 5 novembre prochain. Ce "choc de compétitivité" serait en réalité un transfert de cotisations sociales que paient les entreprises vers l'impÎt que paient les Français. Objectif : permettre aux entreprises de jouer sur les prix et redevenir ainsi compétitives face à la concurrence.
Ce serait une petite révolution dans l'esprit de la nouvelle équipe au pouvoir...
Oui mais le gouvernement ne doit pas se tromper d'analyse. Le problĂšme de la France aujourd'hui n'est pas tant celui de la compĂ©titivitĂ© des entreprises que celui de leur profitabilitĂ©. Les Ă©tudes le montrent : depuis 2000, non seulement la France s'est dĂ©sindustrialisĂ©e massivement (en 13 ans, la part de l'industrie dans le PIB français a chutĂ© de 30%... le plus fort recul des pays de l'OCDE), et les industriels qui ont subsistĂ© ont vu leurs marges bĂ©nĂ©ficiaires s'effondrer. Depuis l'introduction de l'euro, les prix industriels allemands ont gagnĂ© 15% et les prix français ont reculĂ©, dans le mĂȘme temps, de 15%. Les coĂ»ts de production n'expliquent pas Ă eux seuls ce phĂ©nomĂšne. Il y a aussi et surtout la qualitĂ© de nos produits. La France vend des produits de moyenne gamme alors que l'Allemagne fait dans le haut de gamme dont la chertĂ© est justifiĂ©e. Pour placer ses produits et garder ses marchĂ©s, la France est obligĂ©e de baisser les prix (et je ne parle pas de la concurrence des pays Ă©mergents). Notre industrie n'est plus profitable, donc elle ne peut plus investir correctement, donc ne peut plus monter en gamme ni prendre de risques Ă l'export.
Le débat est donc de savoir comment rendre des marges bénéficiaires à l'industrie
Exactement. Comme la qualitĂ© de nos produits ne nous permet pas de relever nos tarifs, il faut baisser le coĂ»t du travail pour rendre les charges compatibles avec le prix rĂ©el de la production. Toute la question est de savoir comment l'on fait. Parmi les pistes, il y a bien sĂ»r le recours Ă la CSG et l'utilisation de la TVA mais l'impact ne serait pas neutre sur le pouvoir d'achat et donc la consommation. Le plus difficile va ĂȘtre de satisfaire toutes les entreprises... le gouvernement devra faire des choix ciblĂ©s pour ne pas Ă©parpiller les moyens dĂ©gagĂ©s. L'urgence semble aujourd'hui de baisser les cotisations des employeurs sur les salaires de l'industrie. Pas les bas salaires des services qui bĂ©nĂ©ficient dĂ©jĂ gĂ©nĂ©ralement d'allĂšgement de charges, mais les salaires Ă©quivalents Ă 2 ou 3 SMIC. C'est la piste vers laquelle s'orienterait le gouvernement. On en saura plus d'ici le mois de dĂ©cembre.
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