Union bancaire européenne, qui va piano va sano
L'union bancaire est un serpent de mer comme l'Europe les aime. Parmi les nombreux sujets qui fâchent et sur lesquels les pays membres de l'Eurogroupe ont bien du mal à s'entendre est effectivement celui des banques. Il faut dire que depuis 2011, jusqu'à 250 milliards d'euros ont déjà été dépensés par le fonds de solidarité et le mécanisme de stabilité pour leur venir en aide. Hier et avant hier, les ministres ont planché sur la mise en place d'un mécanisme de sauvetage ou de liquidation pur et simple des établissements en difficulté. Avec une double problématique : qui décide et qui paie. On touche à la fois à la souveraineté et au financement... donc ça coince.
L'objectif est d'éviter une nouvelle crise comme celle déclenchée en 2008. Quels sont les moyens envisagés ?
Il s'agit essentiellement de protéger les déposants (les clients) et les contribuables en coupant les liens de consanguinité existants entre les banques et les Etats. C'est pour cela que c'est très délicat à mettre en place car certains pays y ont laissé plus de plumes que d'autres. Ces "autres'' – comme l'Allemagne qui fut le plus important contributeur – ne veulent plus mettre au pot pour sauver les canards boiteux. Les ministres s'étaient déjà entendus pour que les plus gros actionnaires des banques soient les premiers mis à contribution en cas de pertes ou de démantèlement, mais cela ne suffit pas.
Et sur quoi l'Allemagne rechigne particulièrement ?*
Sur le fait que la Commission européenne ait le dernier mot. Selon le dispositif envisagé, un conseil représentant les Etats, piloté par la Banque Centrale Européenne, alerterait sur les difficultés de telle ou telle. La BCE préparerait un plan de restructuration, charge ensuite à Bruxelles de le déclencher ou non. Un autre point chagrine nos voisins d'outre Rhin : les bases juridiques du futur mécanisme et de financement des restructurations.
Et ce petit jeu va durer encore longtemps ?
Maintenant que les élections allemandes sont passées, il se disait hier soir dans les coulisses à Bruxelles qu'Angela Merkel serait prête à se montrer plus souple. Que Berlin accepte de voir la Commission européenne décider pour tous serait effectivement une avancée majeure.
Mais comme dans toute négociation, on décroche généralement un compromis en faisant des concessions. Nous verrons donc si Paris lâche un peu de lest sur certains points.
Les ministres vont dormir sur tout cela et se retrouver avant Noël. Ils doivent de toute façon trouver un compromis avant la fin de l'année pour que le texte puisse être définitivement adopté avant les élections européennes de mai 2014. On avance lentement, mais surement.
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