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Ukraine : terre d'enjeux économiques

France Info était en direct depuis Kiev ce matin pour faire vivre les derniers développements sur le terrain. Gros plan sur le poids de l'économie dans le conflit. Economiquement, le pays est aux abois
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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L'Ukraine s'était remise progressivement de
la grave récession qui avait suivi l'indépendance en 1991 mais après des années
de forte croissance, le pays a connu en 2009 une des récessions les plus graves
du Vieux Continent (son PIB a chuté de 15%). Disposant d'un potentiel agricole
important et de bonnes ressources énergétiques (uranium, fer, manganèse),
l'Ukraine a vu sa production industrielle chuter. Les produits métallurgiques représentant
le premier poste d'exportations, la crise de la sidérurgie a été un véritable
coup de poignard.

Peut-on dire que l'Ukraine est un pays en
quasi faillite ?

Pratiquement, oui. Kiev dispose aujourd'hui
de 13 milliards d'euros de réserves de changes dans ses caisses (l'équivalent
de 2 années d'importations) et doit rembourser à court terme près de 7
milliards au FMI, de prêts européens Eurobonds, solder sa facture avec GAZPROM
et honorer les échéances de sa dette. Comble du comble, vendredi matin,
l'agence Standard & Poor's a rétrogradé la note de solvabilité du pays à CCC
avec perspectives négatives, ce qui correspond pratiquement au défaut de
paiement. L'effet direct va être de renchérir le coût de la dette.

Pour qui l'Ukraine représente aujourd'hui le
plus gros enjeu économique ?

Pour la Russie plus que pour l'Europe. 80% du
gaz russe destiné à l'Europe transitait récemment encore par l'Ukraine. Mais
cette situation a changé depuis la mise en service en 2012 du gazoduc North
Stream reliant la Russie à l'Allemagne via la Mer baltique. Et cette influence
de l'ancienne république soviétique sur la carte gazière va encore reculer
quand un autre gazoduc (le South Stream) passera dans quelques années par la
Bulgarie et la Hongrie. En revanche, l'Ukraine (qui dépend toujours de Moscou à
90% pour son approvisionnement énergétique) reste un partenaire commercial
important de la Russie : 5% des exportations russes lui sont destinées. Inversement
: 6% des importations russes viennent d'Ukraine.

Elle reste surtout un enjeu capital pour les
ambitions de Vladimir Poutine

Le maître du Kremlin veut créer une union
eurasienne à l'horizon 2015. Economiquement, ce futur nouveau
" bloc " représenterait pour Moscou une puissante force de
négociation face à l'Europe. Or, sans l'Ukraine et ses 46 millions d'habitants,
l'ensemble aurait beaucoup moins d'influence, il devrait se contenter de la
présence de petites républiques comme le Kirghizistan, l'Arménie ou la
Biélorussie. Le 21 novembre dernier, après 5 ans de négociations avec
Bruxelles, Viktor Ianoukovitch – homme lige de Poutine, corrompu comme beaucoup
d'oligarques – a dit non à l'accord d'association avec l'Europe mais oui au
plan de soutien de 15 milliards d'euros promis par Moscou. Les ukrainiens de
l'ouest se rebellent contre cette décision. Ils veulent rejoindre l'Europe
contrairement à leurs homologues de l'Est. L'histoire s'arrête là ce matin.

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