L'Ukraine s'était remise progressivement dela grave récession qui avait suivi l'indépendance en 1991 mais après des annéesde forte croissance, le pays a connu en 2009 une des récessions les plus gravesdu Vieux Continent (son PIB a chuté de 15%). Disposant d'un potentiel agricoleimportant et de bonnes ressources énergétiques (uranium, fer, manganèse),l'Ukraine a vu sa production industrielle chuter. Les produits métallurgiques représentantle premier poste d'exportations, la crise de la sidérurgie a été un véritablecoup de poignard.Peut-on dire que l'Ukraine est un pays enquasi faillite ? Pratiquement, oui. Kiev dispose aujourd'huide 13 milliards d'euros de réserves de changes dans ses caisses (l'équivalentde 2 années d'importations) et doit rembourser à court terme près de 7milliards au FMI, de prêts européens Eurobonds, solder sa facture avec GAZPROMet honorer les échéances de sa dette. Comble du comble, vendredi matin,l'agence Standard & Poor's a rétrogradé la note de solvabilité du pays à CCCavec perspectives négatives, ce qui correspond pratiquement au défaut depaiement. L'effet direct va être de renchérir le coût de la dette.Pour qui l'Ukraine représente aujourd'hui leplus gros enjeu économique ? Pour la Russie plus que pour l'Europe. 80% dugaz russe destiné à l'Europe transitait récemment encore par l'Ukraine. Maiscette situation a changé depuis la mise en service en 2012 du gazoduc NorthStream reliant la Russie à l'Allemagne via la Mer baltique. Et cette influencede l'ancienne république soviétique sur la carte gazière va encore reculerquand un autre gazoduc (le South Stream) passera dans quelques années par laBulgarie et la Hongrie. En revanche, l'Ukraine (qui dépend toujours de Moscou à90% pour son approvisionnement énergétique) reste un partenaire commercialimportant de la Russie : 5% des exportations russes lui sont destinées. Inversement: 6% des importations russes viennent d'Ukraine.Elle reste surtout un enjeu capital pour lesambitions de Vladimir Poutine Le maître du Kremlin veut créer une unioneurasienne à l'horizon 2015. Economiquement, ce futur nouveau" bloc " représenterait pour Moscou une puissante force denégociation face à l'Europe. Or, sans l'Ukraine et ses 46 millions d'habitants,l'ensemble aurait beaucoup moins d'influence, il devrait se contenter de laprésence de petites républiques comme le Kirghizistan, l'Arménie ou laBiélorussie. Le 21 novembre dernier, après 5 ans de négociations avecBruxelles, Viktor Ianoukovitch – homme lige de Poutine, corrompu comme beaucoupd'oligarques – a dit non à l'accord d'association avec l'Europe mais oui auplan de soutien de 15 milliards d'euros promis par Moscou. Les ukrainiens del'ouest se rebellent contre cette décision. Ils veulent rejoindre l'Europecontrairement à leurs homologues de l'Est. L'histoire s'arrête là ce matin.