Télephonie mobile : bientôt finis les prix cassés
La facture des conflits s'élève chaque jour un peu plus. 117 millions d'euros pour Orange et sa maison-mère France Telecom... 66 millions pour SFR... cette semaine, Bouygues Télécom qui porte plainte contre Free et lui demande 99 millions d'euros pour dénigrement et concurrence déloyale... tous ces contentieux chiffrés commencent à faire beaucoup pour des opérateurs déjà échaudés par la guerre des prix à laquelle ils se livrent pour surnager dans un contexte ultra concurrentiel.
Guerre des prix... guerre de conquête également ?
On peut même parler de guerre de tranchée ! Si tout le monde discute avec tout le monde, chacun se regarde en chien de faïence et attend la faille chez le concurrent pour porter l'estocade et mieux l'avaler. Officiellement SFR n'est pas à vendre mais on sait très bien que sa maison mère Vivendi veut s'en séparer pour se recentrer sur ses activités communication (et l'arrivée hier au Conseil de surveillance de Vivendi de l'homme d'affaires breton Vincent Bolloré, par ailleurs patron d'Havas, risque bien d'accélérer la donne). Free parviendra-t-il à avaler SFR avant que ce dernier ne se marie avec Numéricable ou se rapproche avec Bouygues Télécom ?... c'est ''Règlement de compte à OK Corral''. La vraie question est de savoir s'il y a aujourd'hui en France la place pour autant d'opérateurs. En déboulant sur le marché avec ses tarifs à prix cassés, FREE s'est fait loup dans la bergerie... quelques brebis n'en sortiront pas.
Et les clients dans tout cela ?
Pas sûr qu'ils soient véritablement gagnants ! Free fait tout pour atteindre la taille critique, gagner des clients (en gros se faire une place) et proposer ensuite de nouveaux produits. Le problème c'est qu'en agissant de la sorte, il a destabilisé un secteur déjà fragilisé par le carcan réglementaire et fiscal dont l'Etat français est le champion (toutes couleurs politiques confondues). L'effet a été immédiat avec son cortège de plans sociaux : plus de 1000 emplois chez SFR, des centaines chez Bouygues... sans parler des fournisseurs comme Alcatel-Lucnet dont les salariés manifestent aujourd'hui et qui souffrent de la baisse des commandes de matériels. Donc la baisse des prix oui, mais jusqu'où ? Une entreprise qui rogne sur ses marges, c'est une entreprise qui investit moins. Les consommateurs que nous sommes s'en apercevront bientôt : les prix cassés ont leur limite. L'arrivée de la 4G (la quatrième génération pour l'internet très haut débit) va changer la donne et bouleverser nos petites habitudes du toujours moins cher. Les tarifs vont inéluctablement remonter au profit de la qualité du service... et cela, Free devra bien un jour ou l'autre l'intégrer lui aussi dans sa politique commerciale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.