Sodexo, un tournant pour l'entreprise familiale
A
défaut d'un retour aux sources, c'est un retour au bercail dont la direction de
l'entreprise se serait bien passée. L'affaire a éclaté dans la ville où est né
précisément Sodexo il y a 47 ans.
Par
définition, on ne maîtrise pas le hasard et cette nouvelle histoire sanitaire
est tombée la veille d'un conseil d'administration stratégique. Prévu de longue
date, il a préparé l'avenir de l'entreprise et entériné l'arrivée à la tête du
groupe en janvier 2016 de Sophie Bellon, la fille de Pierre, fondateur de
l'empire familial.
Pour
accompagner le développement international, le comité exécutif va passer de 6 à
13 membres en provenance du monde entier pour refléter les compétences locales.
La part des femmes va passer d'1/3 aujourd'hui à 50% dès l'an prochain.
Que
représente le groupe Sodexo aujourd'hui ?
Les
femmes et les hommes d'abord : 430.000 salariés dans le monde (100.000 de plus
qu'il y a tout juste 8 ans). Sodexo est le premier employeur privé de France,
le 18ème mondial.
Ce
sont 34.000 sites dans 80 pays et 75 millions de consommateurs servis chaque
jour sur la planète. Chiffre d'affaires : 18 milliards d'euros ; poids en
bourse : 12 milliards. On peine à imaginer le mastodonte quand on a le nez
plongé dans son plateau repas le midi en déjeunant avec ses collègues.
Pierre
BELLON, issu de 3 générations d'entrepreneurs qui ravitaillaient les paquebots
au départ de la cité phocéenne, était lui aussi très loin d'imaginer en 1966 ce
que sa modeste entreprise de quelques restaurants collectifs deviendraient près
d'un demi siècle plus tard.
Comment
est-il parvenu à construire un tel empire ?
L'entreprise
a rapidement profité de l'externalisation de certains services par l'industrie
: cantines, nettoyage... mais aussi sécurité et jardinage, deux métiers dans
lesquels Pierre Bellon investira lorsque le Centre spatial de Guyane lui
proposera de s'en occuper à défaut de nourrir son personnel. La diversification
était née.
Aujourd'hui,
en plus de la restauration qui représente toujours les 3/4 de son chiffre
d'affaires, Sodexo c'est aussi la construction et la gestion intégrale de
prisons (notamment en Grande-Bretagne) avec pour objectif de réinsérer les
détenus.
Enfin,
il y a la croissance externe, avec le rachat dans les années 90 du suédois
Partena ou encore de l'américain Marriott. Ces acquisitions n'ont pas été sans
conséquences sur le cours de bourse lorsque le marché s'est retourné au début
des années 2000, mais l'entreprise s'est redressée rapidement.
Peut-on
encore grossir quand on a atteint une telle taille critique ?
C'est la problématique à laquelle est confronté le groupe
aujourd'hui. La crise n'a pas entamé la nécessité pour les entreprises de
nourrir leurs personnels. Le marché reste très porteur : les 80 pays dans
lesquels Sodexo travaille représentent 90% du PIB mondial.
C'est acquis depuis mardi : le groupe va passer d'une
structuration par pays à une organisation par segments de clients mondiaux
(organisation transversale). Une révolution que s'apprête à gérer Sophie Bellon avec une ambition : garder à l'entreprise son caractère familial. Si possible, sans chenilles dans les brocolis bio.
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