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SNCF, les réformes vont se percuter

Grève à la SNCF entre ce soir 20 heures et vendredi matin 8h. L'appel étant lancé par les quatre syndicats de cheminots représentatifs, le mouvement devrait être bien suivi. Cette grève d'un jour ouvre une période difficile beaucoup plus longue pour le gouvernement.
Article rédigé par franceinfo
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C'est une réforme à la fois technique et politique, par définition très sensible dans une entreprise comme la SNCF. Si la majorité des revendications est d'ordre interne à base de salaires et d'emploi, elles concernent aussi et surtout le projet de réorganisation du rail. Il s'agit de rapprocher RFF (Réseau Ferré de France gestionnaire de l'infrastructure), la Direction de la circulation ferroviaire, et les 50.000 cheminots qui travaillent à la maintenance du réseau. Objectif : éviter les redondances et régler sur une dizaine d'années le fléau de l'endettement de RFF. 30 milliards d'euros à ce jour. Le seul service de la dette (c'est à dire sa gestion et son remboursement) s'élève à 1 milliard et demi d'euros par an.

Que redoutent les syndicats ?

Que la transformation de l'existant en trois établissements publics à caractère industriel et commercial, même placé sous l'égide du Président de la SNCF Guillaume Pépy, ne soit en réalité la porte ouverte à une dislocation de l'entreprise. Les syndicats veulent la réforme, estiment utile un regroupement des forces, mais les propositions du gouvernement pour y parvenir ne leur conviennent pas. Le spectre de l'éclatement de la SNCF est d'autant plus redouté au moment où la Commission européenne prépare ce que l'on appelle le "quatrième paquet ferroviaire", l'ouverture à la concurrence des lignes nationales de transports de voyageurs pour 2019 (la Deutsche Bahn pourra alors nous proposer du Paris-Marseille en lieu et place de la SNCF qui, elle, ira gagner d'autres marchés ailleurs en Europe). Un bouleversement qui doit se préparer dès aujourd'hui.

Les syndicats peuvent-ils obtenir gain de cause ?

S'ils font capoter la réforme à laquelle travaille le ministre Frédéric Cuvillier, c'est Bruxelles qui imposera sa loi. La marge de manœuvre est donc très étroite. La grève d'aujourd'hui est la première étape d'une longue négociation qui va s'étaler jusqu'à l'automne, date à laquelle la réforme doit s'appliquer. Problème, c'est également à l'automne qu'arrivera la réforme des retraites et des régimes spéciaux des agents publics. On voit mal comment deux réformes de telle ampleur peuvent passer en même temps. Jean-Marc Ayrault reprendra certainement à son compte la morale de la fable : "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". Lâcher sur l'une pour être sûr de gagner sur l'autre. Reste à savoir laquelle des deux réformes passera l'été.

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