SNCF, c'est possible
Le traitement de l’actualité impose le sens du discernement et certains événements rendent parfois la tache encore plus difficile. Le dramatique accident qui a coûté la vie à quatre membres d’une même famille à un passage à niveau dans le Rhône hier après-midi, intervient quelques jours avant une échéance cruciale pour la SNCF : le chamboulement des horaires, à partir de dimanche prochain et jusqu’en 2015, pour permettre de rénover quelque 36.000 kilomètres de voies ferrées (coût total : 13 milliards d'euros). A la grogne des clients inquiets à l'idée de devoir changer leurs habitudes, s'ajoute une menace de grève touchant tous les week-ends de décembre de la part de la FGAAC-CFDT qui fédère 1 conducteur sur 4. Enième conflit révélateur, à la fois, de l'évolution des rapports de force entre les syndicats eux-mêmes et des mutations du management de l’entreprise.
Chamboulement des horaires des trains et branle-bas de combat à l'interne...
En témoignent les déclarations du Président de la SNCF hier matin : Guillaume PEPY a tenu à rassurer les passagers, balayant quasiment d’un revers de main la menace brandie par la CFDT. Quelques minutes plus tard, la CGT-cheminots publiait à son tour un communiqué pour fustiger, non pas le patron, mais la position prise par la centrale concurrente. Il y a du rififi chez les syndicats mais il y aura des trains à Noël. Guillaume Pépy l’a promis !
Comment le Président de la SNCF peut-il être aussi affirmatif ?
Deux explications : soit il a pris un risque énorme – d’autres parleront de courage - en sifflant lui-même la fin de la partie (ce qui serait une première dans la culture de la SNCF), au risque de piquer au vif le syndicat avec toutes les conséquences que l'on imagine aisément sur la suite du conflit. Soit les négociations ont déjà commencé et la CFDT sait qu'elle aura obtenu gain de cause en mettant la pression (schéma traditionnel)... reste à connaître le coût de cette négociation. Si c’est le cas, le ton ferme qu’a employé Guillaume PEPY hier matin ne restera qu’une parade médiatique. Quant au syndicat en question, il aura réussi à jeter le discrédit sur l’ensemble de l’action syndicale de l'entreprise et sur l’image d’un groupe désormais confronté à la concurrence.
La concurrence justement… où en est la SNCF ?
Pour le fret, c'est déjà réalité. Dix entreprises se partagent aujourd'hui 24% du marché national. Quant au trafic de voyageurs, Bruxelles veut parvenir à une libéralisation totale d’ici 2017 mais autorise déjà la présence d’opérateurs alternatifs sur le sol français pour 5% du marché. Outre la Deutshe Bahn qui essaie de placer ses pions, le 11 décembre prochain un opérateur nommé THELLO (filiale de VEOLIA) offrira des liaisons entre Paris et Venise.
Face à tous ces enjeux, Guillaume PEPY reste serein... la SNCF sera dans le vert cette année, dit-il, et les embauches ont été revues à la hausse pour 2012 (passant de 9 à 10.000)... mais on ne connaît pas encore le nombre de départs naturels... autant de grain à moudre pour les syndicats.
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