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Seafrance, le projet de Scop est-il viable?

Le tribunal de commerce de Paris doit se prononcer aujourd'hui sur le projet de reprise de Seafrance par ses salariés sous forme de Scop. Un système déjà éprouvé mais qui connaît des succès divers.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

La SCOPE ("Société Coopérative de Production") est une société industrielle ou commerciale de type SARL dans laquelle les salariés sont aussi les associés de l’entreprise. Dans le cas de SEAFRANCE, il s’agit de permettre aux salariés sur le carreau de réinvestir une partie de leurs indemnités pour racheter leur entreprise. La CFDT qui porte le projet estime à environ 50 millions d’euros le coût de l'opération... et selon les différents chiffres qui circulent, le total des indemnités de départ qu’auraient obtenu les 880 salariés de cette filiale de la SNCF s’élèverait à quelque 65 millions d’euros (à raison de 73.000 euros, au bas mot, par licencié). Le montant serait donc suffisant… à condition que tout le monde joue le jeu.

Et là, rien n’est gagné !

C’est effectivement la plus grosse inconnue. Les salariés accepteront-ils de réinvestir tout ou partie de leurs indemnités plutôt que d’en profiter directement ? Et puis, plus loin que cette seule préoccupation il y a, à terme, la question de la rentabilité de l’entreprise, la redistribution des bénéfices – si c'est le cas un jour pour SEAFRANCE. Généralement, les salariés qui acceptent de mettre au pot pour faire redémarrer leur entreprise entendent bénéficier en retour d’un salaire à la hauteur de leur effort. Outre leur rémunération de base, les salariés peuvent prétendre à des primes classiques et à des dividendes, ce qui n'est pas forcément compatible avec le nécessaire réinvestissement des profits pour permettre à la société de rester compétitive face à la concurrence. Apparaît alors ce que à quoi tout chef d’entreprise est confronté : la modération salariale. Jouer sur les salaires pour rendre l’entreprise plus compétitive. On en n'est pas encore là chez SEAFFRANCE mais c'est une dimension que les salariés devront considérer avant de prendre leur décision. Le principe selon lequel "on fabrique, on vend, on se paie" à ses limites. En reprenant leur entreprise, ils deviennent de vrais patrons avec les vrais soucis et les vraies responsabilités… tous les aspects du job ne sont faciles à assumer.


En règle général, les SCOP fonctionnent-elles ?*

La taille des SCOP est très variable... généralement, les très petites structures sont majoritaires… 60% ont moins de 10 salariés. La reprise en SCOP après une liquidation ou un redressement judiciaire n'est pas légion… on l'observe plutôt lors du départ à la retraite du patron par exemple. On en est loin dans le cas de SEAFRANCE... les enjeux sont bien différents.

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