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Sarkozy, VRP du nucléaire

Le Maghreb et le Moyen-Orient, nouvelles terres d’élection pour l’industrie nucléaire française. Paris va aider Alger à se doter de centrales d’ici une vingtaine d’années. Après la Chine, comment expliquer que le nucléaire occupe une telle place dans les contrats que Nicolas Sarkozy ramène de ses voyages à l’étranger ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Parce que c’est un des points forts de l’industrie française. En France, nous n’avons pas de pétrole, mais nous maîtrisons l’atome. Alors que dans la pharmacie, l’automobile, ou même les télécoms, nous avons perdu nos positions de leaders, il nous reste deux domaines d’excellence mondiale pour tirer nos exportations industrielles : l’aéronautique et le nucléaire. Sur le nucléaire, la France est une vitrine, avec le deuxième parc de centrales au monde, qui fournit aux habitants une électricité à bas prix. Et elle a le savoir-faire technologique sur toute la filière : la recherche, avec le Commissariat à l’énergie atomique, la conception des centrales avec Areva, l’exploitation avec EDF. Or l’énergie nucléaire suscite un renouveau d’intérêt dans le monde entier à cause d’un pétrole plus cher et plus difficile à exploiter. Les réserves d’uranium réparties sur la planète peuvent, elles, alimenter les centrales pendant deux siècles. Et le nucléaire, c’est l’argument de vente du moment, ne produit pas de gaz à effet de serre.

Mais là, il s’agit du premier accord de cette ampleur avec un pays du monde arabo-musulman. On sait que Nicolas Sarkozy veut aussi aider la Libye à développer du nucléaire civil. Est-ce qu’on peut mettre le nucléaire entre toutes les mains ?

La nouveauté, c’est effectivement que la plupart des pays du sud méditerranéen et du Moyen-Orient, y compris les producteurs de pétrole, veulent développer leur filière nucléaire : la Turquie, l’Egypte, le Maroc, la Jordanie et même les monarchies du Golfe. Ils cherchent une alternative aux hydrocarbures mais sont bien entendu d’abord stimulés par les craintes liées au programme iranien. Sans entrer dans le débat sur une possible dérive vers un usage militaire, deux visions s’opposent : celle de Nicolas Sarkozy, pour qui on ne peut pas refuser l’accès au nucléaire civil au monde arabe, faute de quoi on se prépare à une guerre de civilisation. Et celle de ceux qui doutent – c’est le cas de certains responsables européens – de la fiabilité de certains de ces pays. La perspective d’une coopération nucléaire entre la France et la Libye inquiète. L’exploitation de centrales nucléaires suppose la mise en place d’une autorité de contrôle indépendante et incorruptible pour assurer la sécurité des installations. Pour certains pays, il y a des doutes…

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