Salaires : attention aux faux espoirs !
En bon français, ça s’appelle manier la carotte et le bâton. Après le bonus promis aux entreprises qui auront recours aux heures sup, voici le malus pour celles qui n’ouvriraient pas des discussions sur les salaires. Il faut bien voir que mis à part le coup de pouce au smic, qui n’a pas eu lieu cette année, le gouvernement ne peut contraindre les entreprises privées à donner des augmentations. En revanche, il a un moyen de pression avec les allégements de charges sociales. Accumulées au fil des ans, elles représentent aujourd’hui 20 milliards d’euros, pas loin de la moitié du déficit budgétaire. A côté de leur fonction première - réduire le coût du travail pour faciliter les embauches - elles peuvent aussi été utilisées aussi comme leviers pour inciter, voire contraindre, les entreprises à se mettre au diapason des politiques gouvernementales. Quitte à créer un millefeuille : en 2000, les aides étaient conditionnées à la mise en place des 35 heures. Viennent se superposer en 2007 les aides pour détricoter les 35 heures. On parle maintenant d’une nouvelle condition : l’ouverture de négociations sur les salaires. Les petites entreprises ont peu de marges. Y aura-t-il un minimum requis pour garder ses allègements ? Ne risque-t-on pas d’avoir des négociations de façade qui ne déboucheront sur rien ? La formule proposée reste pour l’instant assez incantatoire.
Les entreprises ne sont-elles pas déjà obligées de négocier les salaires tous les ans ?
C’est vrai pour celles qui ont plus de 50 salariés mais un tiers ne le font pas. Le mérite de ce qu’annonce le gouvernement est de pousser au dialogue. On n’a jamais signé autant d’accords que dans la période où les aides aux 35 heures ont été mises en place. L’ouverture de discussions salariales aura un effet positif sur le climat social, mais il ne faut pas s’attendre à des miracles pour le portefeuille. Car le véritable accélérateur pour les salaires reste la croissance et la baisse du chômage. Quand la moitié des salariés gagne moins de 1 500 euros par mois alors que la part des dépenses imposées – loyer, essence, chauffage – s’accroît, le gouvernement vise juste en soulevant la question des salaires. Mais il s’attaque à ce dossier comme à celui du service minimum, de la réforme de l’université, voire des régimes spéciaux : l’affichage est très ambitieux pour des avancées qui pourraient n’être qu’assez minimes. Le risque, c’est de provoquer à terme un sentiment de frustration.
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