Retraites : le pouvoir d'achat sacrifié
C'est au tour des retraités de mettre la main à la poche
pour redresser les comptes du pays. Voilà ce que semble augurer ces deux mesures qui entrent en
vigueur aujourd'hui. La première : une cotisation supplémentaire de 0,3%,
pour financer la dépendance. Cela ne touchera que les retraités imposables. La seconde concerne tous les retraités du privé :
pendant trois ans, leur pensions complémentaires continueront d'augmenter, mais
moins vite que l'inflation. Ils vont donc perdre du pouvoir d'achat : 240
euros de moins par an d'ici 2015, selon les estimations, pour un retraité qui
touche 1200 euros par mois (c'est le montant de la retraite moyenne en France). Cela doit permettre de combler une partie du déficit des
régimes de retraites complémentaires.
Est-ce qu'un nouvel effort pourrait être demandé aux retraités
? Non plus pour les pensions complémentaires,
mais pour le régime général des retraites ?
Ce n'est pas exclu. On sait qu'une nouvelle réforme des
retraites doit aboutir d'ici l'automne. François Hollande l'a laissé entendre jeudi soir : il
veut préserver uniquement les petites retraites. Mais le chef de l'Etat n'a pas écarté l'idée de freiner les
pensions les plus élevées. En fait, l'ampleur du déficit des retraites est telle que
demander aux actifs de travailler plus longtemps, pourrait ne pas suffire. Il
faudra peut-être demander un effort aux retraités. Mais rien n'est encore acté.
Quel impact cela aurait-t-il sur le niveau de vie des
retraités ? On prétend qu'ils sont bien plus aisés que le reste de la
population. Est-ce une réalité ?
C'est parce que les trois-quarts d'entre eux sont
propriétaires et n'ont donc plus de souci de logement. Mais les retraités ont
des frais bien plus élevés de complémentaire santé par exemple. Difficile de dire
donc qui du retraité ou du salarié vit le mieux. Plus on est à la retraite depuis longtemps, plus on a perdu de pouvoir d'achat : en
10 ans un retraité a vu son niveau de vie baisser de 1%, quand les salaires ont
augmenté de plus de 6%. A compter d'aujourd'hui en tout cas, il est certain que le
niveau de vie des retraités du privé va reculer. Avec une double difficulté. D'abord, cela risque de creuser
encore l'écart avec les retraités de la fonction publique : leurs pensions
sont supérieures d'un tiers à celles du privé, selon le Conseil d'orientation
de retraites. Ensuite et surtout, à
vouloir résoudre ainsi le problème du déficit des caisses de retraites, on
risque d'en créer un autre pour l'avenir : celui de la paupérisation des
retraités du privé.
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