Record de fusions dans l'industrie pharmaceutique
En 2009, le montant approchait 150 milliards de dollars
(110 MDS d'euros). Mardi, le laboratoire canadien Valeant lance une OPA hostile
de 30 milliards d'euros sur le fabricant californien du Botox Allergan. Le
rapprochement va créer un mastodonte dans l'ophtalmologie, la dermatologie et
la cosmétique. La veille, lundi, c'est le suisse Novartis qui décide de remettre
à plat ses activités en concluant des accords avec le britannique Glaxo
Smithkline. Quant à Pfizer, inventeur du célèbre Viagra, il pourrait se marier
avec l'anglo-suédois Astra-Zenecca pour 72 milliards d'euros.
Un montant global au plus haut depuis 5 ans... Pourquoi
toutes ces opérations aujourd'hui ?
Regardons les 2 périodes : 2009, début de la crise ;
2014, début de sortie de crise. La démarche est identique, elle repose sur le
principe de ''l'union fait la force''. Au début de la crise, on serre les
coudes pour se protéger de la tempête qui s'annonce, on se regroupe pour être
plus forts. Aujourd'hui, alors que la crise s'éloigne, rebelote, on grossit par
opération externe pour optimiser les perspectives de rebonds d'activité. Et
puis, cerise sur le gâteau, en ce moment les taux d'intérêt sont très bas, ce
qui offre d'excellentes conditions d'endettement à moindre coût.
Mais la médaille a son revers. Ces rapprochements visent
aussi à réaliser des économies d'échelle. Les synergies se font généralement
sur les budgets marketing, les fonctions support ou dans les effectifs de
forces de vente. Les rapprochements créent inévitablement des doublons.
Outre cet aspect financier, qu'en est-il sur le plan
industriel ?
L'ébullition à laquelle nous assistons s'explique par
l'expiration de nombreux brevets qui tombent dans le domaine public. C'est
particulièrement vrai pour ce que l'on appelle les blockbusters, les
médicaments vedettes qui rapportent des dizaines de milliards chaque année.
Après les innovations des dernières décennies, les brevets tombent dans le
domaine public, ne rapportent plus rien, ou très peu. Les médicaments
génériques ont pris le relais et on trouve difficilement de nouvelles molécules.
Ces grandes manœuvres redessinent le paysage du secteur
pharmaceutique
D'un côté, les grands laboratoires se réorganisent en
cédant des activités jugées peu rentables pour se renforcer dans des créneaux à
fort potentiel comme la cancérologie, l'Alzheimer, le diabète et les maladies
rares. De l'autre, les fabricants de génériques et les groupes de taille
moyenne qui veulent grossir en rachetant notamment des start-up innovantes dans
la recherche.
Finalement, cette recomposition reflète l'évolution de
nos sociétés : besoins grandissants face au vieillissement, et évolution
des attentes du patient. A l'instar du gaz de schiste et des OGM, nous sommes
de plus en plus méfiants vis à vis des vaccins.
Les grandes firmes pharmaceutiques sont tout sauf des
philanthropes. Ce sont d'excellents lobbyistes qui trouveront toujours une
oreille attentive auprès des Etats soucieux de maîtriser la dépense publique
(donc de santé). Une petite campagne pour la vaccination de temps en temps ne
fait de mal à personne. C'est bon pour la santé publique, et pas mauvais pour
l'industrie pharmaceutique.
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