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Réallocation de l'outil de production en Europe, effet direct de la crise

Le délai pour déposer les offres de reprise du site Pétroplus de Petit-Couronne en Seine-Maritime s'achève ce soir à 17 heures et rien ne dit qu'un projet viable soit présenté. Hasard du calendrier, une étude est publiée aujourd'hui par un cabinet indépendant... elle montre l'ampleur de la destruction d'entreprises en France.
Article rédigé par franceinfo
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" L'économie française s'installe dans une tendance dépressive " ! Voilà comment les auteurs résument leurs travaux. Selon la société de veille économique Trendéo, l'année 2012 a vu la fermeture de 266 usines contre 166 créations (il y en a eu quand même, notamment avec des créations d'emplois dans l'aéronautique, le luxe et l'énergie verte). Sur un an, le rythme de fermetures a fait un bond de 42% et depuis 2009, ce sont près de 1.100 usines qui ont mis la clef sous la porte... pour la plupart passées inaperçues car on parle généralement des grosses structures comme PSA, Goodyear ou aujourd'hui Pétroplus alors que la majorité des fermetures concerne des sociétés employant pas plus de 70 personnes.

C'est la confirmation d'un profond trou d'air dans l'industrie. Il y a fort à parier que le mouvement ne s'arrête pas de si tôt.

C'est un mouvement de fond et qui est très instructif quant à la manière dont les cartes sont rebattues en Europe. Après une délocalisation massive de la production vers les pays émergents - qui est toujours réelle -, on assiste aujourd'hui à une réallocation de l'outil de production au sein même de l'Europe. C'est la conséquence de la crise. Les pays qui vont mal ont des coûts de production moins chers, donc attirent les industries installées dans les pays où les coûts salariaux sont supérieurs en raison d'une fiscalité prohibitive. Il y a un siphonage. Regardez Renault qui dégraisse dans l'hexagone mais va s'installer en Espagne (pour ne citer que cet exemple). 1 heure de travail en Espagne, charges comprises, coûte aujourd'hui 22 euros. En France, plus de 35 euros. Ce mouvement ne fait que commencer et perturbe sérieusement les grands équilibres au sein de l'Europe.

Quelles sont les solutions possibles ?

On l'a déjà dit : le problème de l'industrie française, du moins ce qu'il en reste, c'est qu'elle fabrique et vend trop cher des produits moyen/bas de gamme. Une des solutions est de monter en qualité (l'Allemagne fabrique d'excellentes machines-outils qui s'exportent très bien, certes plus chères mais de qualité). Alors, produire plus costaud en France ne résoudra pas les problèmes de Goodyear ou de Pétroplus mais d'autres entreprises viendront s'installer et créer de l'emploi en lieu et place de certains secteurs durablement sinistrés. Cela impose une vraie stratégie de politique industrielle à laquelle participe le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi mais insuffisamment (même l'OFCE le dit : le Crédit d'Impôts créera – au mieux – 150.000 emplois d'ici 2018 et n'impactera pas la croissance). Dans la situation actuelle de la France, rien ne remplacera une réelle baisse de charges sociales pour rendre les emplois productifs immédiatement moins chers et relancer la machine. Ce n'est pas le chemin que nous avons pris.

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