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Rafale, la route des Indes est encore longue pour Dassault

Le groupe Dassault va donc entamer les négociations exclusives avec l’Inde pour la vente de 126 avions de combat Rafale. Peut-on parler pour autant de "contrat du siècle" ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Bouder notre enthousiasme serait faire injure aux perspectives qu'offre un tel contrat, à la fois pour les salariés de Dassault mais aussi pour SNECMA qui fabrique les moteurs, THALES l’électronique et tous les sous-traitants. Mais gardons-nous bien de lancer des cocoricos victorieux. La France ne fait qu’entrer en négociations avec New Dehli pour cette transaction estimée entre 9 et 11 milliards d'euros. La bataille dure depuis 5 ans. Cette fois-ci, le Rafale a réussi à évincer le grand concurrent Typhoon construit par le consortium européen Eurofighter mais rien n’est joué.

Quelles raisons ont poussé l’Inde à préférer le Rafale ?

D'abord, l’offre financière de Dassault qui est inférieure à celle du concurrent Eurofighter (on parle d'une économie de 3 à 4 millions d'euros par appareil). 2/ L’Inde dispose déjà de Mirages, donc le choix est logique pour mutualiser les coûts de maintenance. 3/ L’extraordinaire capacité d’adaptation du Rafale. Il est étudié pour offrir toutes les options possibles : attaques aériennes, terrestres, maritimes et nucléaires, mission de reconnaissance. C’est un véritable kit évolutif. Sans parler des fonctions super sécurisées qui en font un appareil cher et, c’est vrai, parfois trop sophistiqué pour beaucoup de pays qui préfèrent se rabattre sur des appareils plus légers (ce fut le cas récent de la Suisse qui a préféré le Gripen du suédois SAAB). Enfin, l’intervention en Libye fut bien plus efficace que tous les catalogues publicitaires : 7000 h de vol, 1600 missions sans un couac.

Les négociations exclusives vont donc s'engager. L'Inde impose évidemment des contreparties.

Le point le plus important est le transfert de technologies. Sur les 126 appareils, l’Inde veut en construire 108 chez elle. De plus, New Dehli impose un accord de compensation sous la forme d’investissements destinés à moderniser les forces militaires indiennes. Dassault devra réinvestir sur place environ la moitié du montant du contrat final.

La géopolitique peut-elle peser également dans les négociations ?

C’est peut-être le plus important car derrière, il y a l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan. Je m’explique. L’Inde est hostile à la politique actuelle d’étouffement de l’Iran car elle a besoin de son pétrole et de son gaz. New Dehli veut donc faire pression sur la France pour qu’elle modère ses positions vis à vis de Téhéran. L’Inde voit également d’un très mauvais œil l’alliance France / Arabie Saoudite / Pakistan (ce voisin, ennemi juré). Et puis il ne faut pas oublier que l’Inde est l’alliée du Pdt. afghan Ahmid Karzaï dans sa lutte contre les talibans (elle milite pour un maintien des troupes françaises sur le sol afghan).
En résumé : les négociations économiques sur le Rafale offrent à New Dehli l’occasion de calmer la France sur bien des sujets.  L’Inde a tout son temps mais Nicolas Sarkozy doit signer vite. Il ne reste que 81 jours avant l’élection présidentielle.

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