Rachat des RTT : le Parlement va jouer les "M. Plus"
Avec la bénédiction du gouvernement, le Parlement va jouer les « M. Plus ». L’objectif : faire vite, simple et efficace d’ici les fêtes. Ne pas donner cette fois l’impression de mesures corsetées ou trop complexes, comme avec les heures supplémentaires. Convaincre qu’un vrai coup de pouce est donné au pouvoir d’achat. Cet élargissement de la mesure permet d’aller effectivement plus loin que ce qui existe déjà : racheter 10 jours des RTT était possible dans les entreprises de moins de 20 salariés et dans les autres quand elles ont mis en place un compte épargne temps. Il n’y a donc plus de limite en théorie : chaque salarié pourra monnayer la totalité de ses jours de RTT non pris en 2007. Mais dans les faits, très peu ont accumulé plus de 10 jours. Les vannes s’ouvrent, mais il y a peu de risque que le robinet coule beaucoup plus fort. Ce qui va faciliter les choses, c’est qu’il n’y aura plus besoin d’accord d’entreprise pour faire valoir son droit au rachat. Chacun pourra négocier l’échange directement avec le patron, sans passer par la case dialogue social ou la case syndicats. Pour combien d’argent en plus ? Difficile de chiffrer, mais 375 euros en plus pour un smicard qui se ferait payer 5 jours de RTT est une évaluation raisonnable.
Avec ces facilités, est-ce que l’on peut s’attendre à un succès important pour cette mesure phare de la fin de l’année ?
Il y a un effet d’affichage. La réalité devrait être plus nuancée. D’abord, seuls un gros tiers des salariés ont des RTT. Ensuite, on ne sait pas quel sera le désir exprimé. Les 35 heures ne sont plus à la mode, mais les RTT sont un mode de vie pour passer plus de temps avec sa famille ou s’offrir un week-end prolongé. Le temps n’est pas que de l’argent. Enfin, même s’il y a pas mal de demandes, les entreprises n’auront pas toutes les moyens de les accepter. Un groupe comme France Télécom vient de proposer à ses employés de se faire payer jusqu’à 20 jours de congés non pris. Mais les PME, elles, ont plus rarement dans leurs caisses les sommes nécessaires au paiement des RTT . Au premier chef, l’Etat lui-même serait incapable de payer les 3 millions et demi de jours stockés par le personnel des hôpitaux. Les RTT, c’est un peu comme les miles que l’on peut accumuler sur les trajets en avion. Si tout le monde prenait ses voyages gratuits en même temps, le rêve des globe-trotters tourneraient au cauchemar pour les compagnies aériennes…
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