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Pourquoi Orange garde son patron

Le Conseil d'administration d'Orange a renouvelé, mercredi après-midi, le mandat d'administrateur de Stephane Richard, ouvrant ainsi la voie à sa très probable réélection à la tête de l'opérateur télephonique fin mai. Chronique d'une réélection annoncée.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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De nombreux candidats aux élections municipales aimeraient
bien être à la place de Stéphane Richard. Cette journée s'annonçait en effet
comme la chronique d'une réélection annoncée. Sauf surprise, très peu probable,
sa reconduction à la tête de l'opérateur est acquise. Aujourd'hui, c'est le
Conseil d'administration qui se prononçait mais son choix devra être entériné par
les actionnaires réunis en Assemblée générale le 27 mai prochain.

Ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde alors
ministre de l'Economie et des finances, mis en examen pour escroquerie en bande
organisée dans l'arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie en 2008 dans
l'affaire du Crédit Lyonnais, Stephane Richard sera jugé le 7 avril prochain et
seul un rebondissement à ce moment précis pourrait remettre en cause sa
présence à la tête d'Orange.

Pourquoi cette reconduction est si évidente ?

Arrivé à la tête d'Orange en 2010 après le tangage de la présidence Didier Lombard, Stephane Richard s'est montré homme de la situation
dans plusieurs dossiers délicats. Il a ramené la paix sociale dans
l'entreprise, au point d'être aujourd'hui soutenu par la majorité des
syndicats. Malgré la nouvelle vague de suicides qui touche l'entreprise et pour
laquelle des investigations sont en cours, tout le monde serre les rangs
derrière le patron pour ne pas déstabiliser l'édifice qui emploie 102.000
personnes.

Au moment de la violente restructuration dans le secteur
des télécoms, le paquebot a besoin d'un commandant sur la passerelle pour
passer sans encombres les Quarantièmes Rugissants. D'autant qu'Orange a déjà
accusé le coup lors de l'arrivée de Free sur le marché. Pour lutter contre la
concurrence, le groupe a baissé ses prix de 30% dans le mobile. Cela laisse des
traces dans les comptes.

Il y a le bilan, et les perspectives. Quels sont les
enjeux à venir ?

Ils sont nombreux. D'abord, c'est réussir le pari
technologique de la 4G (la quatrième génération mobile) puis celle de la 5G,
ainsi que la fibre pour le fixe.

C'est maintenir la paix sociale dont j'ai parlé... face aux
30.000 départs à la retraite prévus d'ici 2020, le commandant devra manœuvrer
avec doigté et diplomatie.

Enfin, autre gros chantier : celui de l'internationalisation,
notamment sur le continent africain, véritable eldorado, où tout retard pris
est autant de parts de marchés perdues. Orange est déjà présent, entre autres,
au Congo, au Maroc, en Tunisie et en Irak, l'Afrique/Moyen-Orient représente
aujourd'hui quelque 100 millions d'abonnés.

Reste le cours de bourse d'Orange. Pas florissant

Depuis 2010, l'action a perdu 40% de sa valeur en bourse
(une cure d'amaigrissement de 20 milliards d'euros). Pas bon pour l'image. Pas
bon non plus pour les actionnaires dont l'Etat qui possède 27% du capital du
groupe et qui en tire de bons dividende.

18 milliards d'euros reversés à l'ensemble des
actionnaires depuis 5 ans... en 2011, le montant des dividendes de France
Télécom (près de 4 milliards et demi d'euros) ont même dépassé les bénéfices (3
milliards 9). Une stratégie courtermiste profitable aux caisses de l'Etat mais
nuisible aux investissements d'avenir. Orange va garder son président mais
mériterait de gagner un vrai regard stratégique de la parte de l'Etat
actionnaire. Ceci est une autre histoire.

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