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Pourquoi la réforme des taxis se fera

Les taxis ont gagné une première bataille dans la guerre qui les oppose aux Voitures de Tourisme avec Chauffeurs. Le gouvernement a annoncé hier le gel des immatriculations de VTC, le temps de la médiation qui va être menée pour arbitrer le conflit. Mais la réforme se fera, de toute façon.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Pour l'instant, le gouvernement est dans son rôle
politique de calmer le jeu. Il s'agit de permettre à chacun de sortir du
conflit par le haut et trouver une solution pour éviter aux artisans taxis de
perdre, non seulement la face, surtout leur investissement. (jusqu'à 250.000 euros
pour une plaque à Paris, un sacré capital). Mais, oui, la réforme se fera car:

1/ il faut plus de taxis dans les rues de
Paris et des grandes villes de province. Tout le monde est d'accord, sauf
peut-être les écologistes qui privilégient les transports en commun

2/ il y a de la création d'emplois

3/ il est impossible d'arrêter la marche des
nouvelles technologies.

C'est à dire ?

Un point précis du blocage entre VTC et taxis
traditionnels est l'usage du smartphone. Une compagnie comme G7 interdit à
ses artisans chauffeurs d'utiliser le téléphone intelligent pour le service. Ils
doivent impérativement passer par la centrale d'appel pour décrocher leur
course. Leur laisser libre usage du portable serait peut-être leur donner trop
de liberté et d'indépendance dans la gestion de leur journée. Dès lors, on
comprend pourquoi ils protestent contre les voitures avec chauffeurs, qui,
elles, ont fait du smartphone l'outil de réservation moderne, rapide, efficace.
Ce n'est pas un épiphénomène. Ce point va peser dans les négociations au nom
des bonnes pratiques concurrentielles.

Il va falloir concilier politique et
technologie

 C'est une première du genre. Jusqu'à présent,
pour pallier ce problème, la seule réponse du gouvernement a été d'imposer aux
VTC un délai de 15 minutes entre la commande de la course et la prise en charge
du client. Le politique a imposé une barrière réglementaire sans traiter sur le
fond la question de l'innovation technologique.

Dans les grands maîtres à penser économiques,
il y a un monsieur qui s'appelle Joseph Schumpeter. Cet économiste autrichien,
mort en 1950, est connu pour ses travaux sur les fluctuations économiques. Il a
notamment démontré le principe de la destruction créatrice : comment, en
détruisant des activités périmées et obsolètes, l'innovation permet de créer de
nouvelles activités plus performantes. Après avoir récemment vanté les mérites de la
loi de l'offre et de la demande, le Président de la République va peut-être
maintenant insuffluer un tournant schumpétérien dans la politique gouvernementale.

 Les taxis ouvrent la voie à
des réformes dans d'autres secteurs

 Les VTC sont en quelque sorte les fers de lance de ce mouvement.
De nouvelles citadelles doivent tomber, les chantiers sont légions. Le prochain
dans les tuyaux est celui des titres repas, tickets restau et autres chèques
déjeuners. Un business de 5 milliards d'euros. Les opérateurs historiques
Edenred, Sodexho et le syndicat Force Ouvrière qui gère à 100% les
"Chèques déjeuners" devront bientôt affronter la concurrence. Une
véritable cocotte-minute sous laquelle le gouvernement doit régler au mieux la
puissance du feu.

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